Continuer à développer l'aéroport de Genève, tout en faisant en sorte que ce développement soit durable est "un numéro d'équilibriste", a admis mardi sa présidente Corine Moinat. Elle estime toutefois que Cointrin "a les moyens de le faire".
Concrètement, Genève Aéroport explique avoir consacré plus de 30 millions de francs à des mesures environnementales sur la période 2016-2017.
La direction de Genève Cointrin a notamment souligné sa volonté de développer le photovoltaïque sur ses toits ou d'utiliser davantage de véhicules hybrides ou électriques sur le tarmac. Plus globalement, les grands objectifs sont de réduire les nuisances sonores et limiter l'empreinte carbone.
Compatible avec 25 millions de passagers?
Mais ces efforts sont-ils vraiment compatibles avec le développement de l'aéroport de Genève et les 25 millions de passagers évoqués à l'horizon 2030?
"C'est une prévision. Je ne sais pas où on sera en 2030. Nous avons entrepris une planification qui veut clairement permettre une croissance, en respectant l'environnement. A déterminer jusqu'où elle ira. On a d'ailleurs, dans le plan de développement de l'aéroport (PSIA), pris l'engagement de baisser le bruit par rapport à aujourd'hui", répond André Schneider, directeur de l'aéroport.
Perspective d'un avion toutes les 90 secondes
A Vernier, l'une des communes les plus impactées par les nuisances sonores générées par Cointrin, les habitants redoutent précisément la hausse annoncée du trafic aérien. Aujourd'hui, la commune est déjà survolée en moyenne par un avion toutes les 3 minutes, qui décollent ou atterrissent à proximité directe des habitations et des écoles.
Mais d'ici 2030, "il nous est annoncé un mouvement d'avion toutes les 90 secondes, 18 heures sur 24, 365 jours par année", alors que "la fréquence a déjà massivement augmenté ces dernières années", explique le président de l'Association des intérêts de Vernier-Village (AIVV) Jean-François Bouvier.
Si la plupart des riverains interrogés par la RTS disent s'être accomodés avec le temps à vivre avec ce bruit incessant, tous déplorent l'étendue des plages horaires, de 6h30 à minuit. Vivre à côté de l'aéroport signifie souvent être réveillé chaque jour par le premier avion, week-ends compris.
"Si on a de plus en plus d'avions, on perd les efforts"
Sur la question du bruit, Genève Aéroport a rappelé mardi que le système de taxes visant à favoriser l'arrivée d'avions moins bruyants a été adapté. Ce changement a fait ses preuves, selon André Schneider, qui précise que "certaines entreprises ont déjà changé leurs types d'avions... c'est un début".
Insuffisant pour Yvan Rochat, maire de Vernier et président de l'association transfrontalière des communes riveraines de l'aéroport. "Les efforts technologiques qui devraient permettre aux avions de faire moins de bruit sont utiles et importants, mais si on a de plus en plus d'avions, on perd tous ces efforts", estime-t-il.
L'élu vert appelle à "oser imaginer la réduction des possibilités de départs et d'arrivées pour les avions, notamment aux heures les plus délicates" et à renoncer à la perspective des plus de 200'000 vols par année.
Guillaume Rey/Pauline Turuban/jvia