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"Les élus ne peuvent pas prendre un billet d'avion et partir comme cela"

Hasni Abidi. [RTS]
L'intervention d'Hasni Abidi durant la revue de presse / La Matinale / 5 min. / le 14 novembre 2018
Les affaires relatives aux voyages d'élus, notamment à Genève, ne donnent pas une image brillante de la Suisse à l’étranger, estime le politologue et spécialiste du monde arabe Hasni Abidi. Ce dernier plaide pour former les élus.

"Il y a une confusion dans les relations entre les mondes politique et économique (...) qui se traduit par un malaise chez les conseillers d’Etat ou même certains conseillers fédéraux. On n'a pas clarifié la question de la place des lobbyistes financiers dans la vie politique suisse", réagit mercredi Hasni Abidi, dans La Matinale de la RTS, à propos des différents voyages effectués par des personnalités politiques, notamment au Moyen-Orient.

Selon le spécialiste du monde arabe, Genève illustre cette situation, ce dysfonctionnement fédéral propre à la Suisse en ce qui concerne les relations entre le monde des affaires et nos élus. "C'est une question importante, je dirais même que c'est une urgence. Je ne comprends pas pourquoi on n'a pas pris le temps de consulter le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Parce que quand il s’agit de sorties ou de voyages, il s'agit absolument de demander un avis. On ne peut pas prendre un billet d'avion et partir comme cela", tranche Hasni Abidi.

Pour le moment, "on improvise"

Le directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (CERMAM) va même jusqu'à suggérer l'organisation d'un atelier de formation à l'attention des élus helvétiques avant leur départ dans ces pays, "parce que l'on sait que dans ces pays-là, être invité – ou être simplement vu sur place – c'est déjà une victoire pour les autorités de ces pays", explique-t-il.

L'espoir d'un retour sur investissement, ou les explications qui laissent entendre que le business fonctionne de cette manière rendent par ailleurs Hasni Abidi perplexe: "Là on improvise, l'un part voir la formule 1, l'autre pour voir une compétition sportive de chameaux. A mon avis il faut être sérieux , c'est-à-dire disposer de créneaux officiels, d'une délégation économique pour chaque canton. Le DFAE peut aussi organiser cela".

"En plus, ce n'est pas impoli de refuser une invitation, de décliner une prise en charge. Au contraire, cela nous grandit aux yeux de l'étranger", conclut le politologue, selon qui il vaut mieux expliquer que les lois ne permettent pas d'accepter une invitation, mais de la remettre à plus tard dans un voyage organisé... "Mais pas comme ça, dans un voyage presque caché".

>> Le reste de l'interview d'Hasni Abidi :

L'invité de Romain Clivaz (vidéo) - Hasni Abidi, spécialiste du monde arabe
L'invité de Romain Clivaz (vidéo) - Hasni Abidi, spécialiste du monde arabe / La Matinale / 10 min. / le 14 novembre 2018

Propos recueillis par Romaine Morard et Romain Clivaz/jzim

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