La Suisse reconnaît désormais le francoprovençal et le franc-comtois comme langues minoritaires. Le Conseil fédéral suit une recommandation du Conseil de l'Europe. Il a approuvé au début du mois le septième rapport sur l'application de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.
Avec cette reconnaissance, la Suisse accorde une nouvelle visibilité aux patois de Suisse romande. Menacées de disparaître, ces langues font l'objet de recherches et inspirent de nombreux projets culturels soutenus par les cantons en collaboration avec les gens qui les parlent encore.
L'exception jurassienne
Le territoire historique d'usage du francoprovençal concerne l'ensemble des cantons francophones, à l'exception du canton du Jura. Dans ce dernier canton, c'est le franc-comtois qui est parlé (écouter du patois de Saint-Ursanne ci-dessous, en archives).
La Constitution jurassienne l'a pris en compte. Et les trois à quatre mille personnes le parlant ou le comprenant, à l'image de Maurice Jobin, président des patoisants jurassiens, sont ravis. Cette décision permettra d'obtenir des financements fédéraux pour d'importants projets: "Nous avons en projet une maison du patois qui serait géographiquement bien située où on pourrait se retrouver, les Teignons (les Francs-Montagnards), les Aidjolats (les Ajoulots) et les Vadais (les habitants du district de Delémont), une fois par mois, pour cultiver cette langue".
En septembre 2021, Maurice Jobin annonce que le Jura organisera la Fête romande et internationale des patois.
Valoriser le patois
Dans le Jura, l’Etat avait signé en juin 2017 une convention avec la Fédération des patoisants. A la clé: une dizaine de milliers de francs pour la valorisation du patois et sa promotion au sein de l’école jurassienne, comme le détaille Martial Courtet, ministre de la formation et de la culture: "Cela ouvre certaines perspectives, notamment en lien avec les cours facultatifs donnés dans les écoles. Mais il ne s'agira pas de demander plus que ce qui est fourni actuellement: il faut maintenir notre soutien à nos racines linguistiques. C'est important pour la culture jurassienne".
Romanche, italien, yéniche et yiddish
La Suisse a déjà déclaré le romanche et l'italien langues minoritaires au sens de la Charte et elle reconnaît le yéniche et le yiddish comme langues sans territoire.
Le rapport, qui porte sur la période 2015 à 2018, présente par ailleurs la situation des langues en Suisse: statistiques, bases légales, enseignement. Il expose aussi les nouveautés en matière de promotion de l'italien.
Il rend enfin compte des rapports des cantons des Grisons et du Tessin sur les langues minoritaires que sont l'italien et le romanche. Le rapport cite notamment le service régional que l'Agence télégraphique suisse a ouvert dans les Grisons italophones.
Sujet radio: Gaël Klein
Adaptation web: Stéphanie Jaquet et l'ats
Diversité linguistique
La Charte européenne des langues régionales ou minoritaires a pour but principal de maintenir et de promouvoir la diversité linguistique.
Elle vise à améliorer l'utilisation des langues régionales ou minoritaires dans les domaines de l'enseignement, de la justice, de l'administration, des médias, de la culture et de l'économie.
La charte a été conclue à Strasbourg en 1992. Elle a été ratifiée par la Suisse en 1997 et est entrée en vigueur le 1er avril 1998.