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"Le Jura, fier d'être francophone mais tourné aussi vers ses autres voisins"

L'invité de La Matinale (vidéo) - Martial Courtet, ministre PDC jurassien de l’éducation
L'invité de La Matinale (vidéo) - Martial Courtet, ministre PDC jurassien de l’éducation / La Matinale / 9 min. / le 28 janvier 2019
Le canton du Jura, qui n'a pas d'université, "perd" chaque année environ 60% des jeunes partis étudier ailleurs en Suisse romande. Martial Courtet, ministre jurassien de l'Education, commente ce phénomène de "fuite des cerveaux".

"Fuite des cerveaux... Je ne suis pas sûr d'aimer cette formule. Pas très sympa pour ceux qui restent", s'amuse-t-il au micro de La Matinale lundi. Il n'en reste pas moins que le démocrate-chrétien, arrivé au gouvernement jurassien en 2015, est confronté aux mêmes défis que ses prédécesseurs: comment donner les meilleures perspectives aux jeunes du canton, alors que le Jura ne possède pas d’université?

Sur 700 jeunes Jurassiens qui étudient à l’extérieur, seuls 40% environ reviennent en effet dans le canton une fois leur formation terminée. "Le phénomène n'est pas nouveau", confirme-t-il. Mais, alors que le canton du Jura paie quelque 10 millions de francs par année aux autres cantons pour l'accueil de ses étudiants, cette clé de répartition est actuellement en renégociation. Une majoration est en vue pour le Jura, de l'ordre de 10%, soit entre 1 et 2 millions de francs.

Se tourner vers Bâle

"J'ai l'impression qu'on n'est pas écouté comme canton, c'est dommage au niveau de la solidarité", estime Martial Courtet. Car les 60% d'étudiants qui ne reviennent pas travailler dans le canton, une fois leur diplôme en poche, représentent in fine un manque à gagner certain pour le fisc jurassien.

Mais les finances serrées du canton obligent aussi à être créatif, nuance Martial Courtet. A l'instar de la création des classes gymnasiales billingues, qui rencontrent un franc succès et doivent permettre aux futurs étudiants d'envisager une formation en allemand dans le canton voisin de Bâle. "Et ensuite, de revenir habiter dans le Jura", espère le ministre.

Francophone mais tourné sur la Suisse

Si le canton du Jura s'est construit sur son identité francophone, cette vision est aujourd'hui datée, à en croire Martial Courtet. "On est Romands et fiers de l'être, mais on est également un canton au sein de la Suisse, avec des voisins alémaniques qui offrent du travail intéressant. Et qui permettent du coup aux Jurassiens de penduler en habitant leur canton."

Propos recueillis par Chrystel Domenjoz

Adaptation web: Katharina Kubicek

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"Ne pas oublier les racines récentes du canton du Jura"

Interrogé sur la bisbille autour du vote sur l'appartenance cantonale de la Moutier (BE), Martial Courtet estime que la question devrait être réglée "sous peu". "La décision est maintenant sur le terrain juridique, je pense que quand la décision tombera, ce sera la résolution du problème."

Alors que le Jura fête en 2019 son entrée en souveraineté, le ministre appelle la population, et surtout les jeunes, à ne pas oublier les racines récentes de leur canton. Un support de cours pour les écoliers est actuellement en cours d'élaboration, "pas pour entretenir la polémique, mais pour rappeler à la jeune génération d'où vient leur canton."