Sur les réseaux sociaux, un appel "à se déplacer en masse a été lancé pour empêcher le président de la délégation bernoise aux affaires jurassiennes de se déplacer pour participer à la fête, même si la violence doit être utilisée", pouvait-on lire.
Le secrétaire général du Mouvement autonomiste jurassien, Pierre-André Comte, distancie le MAJ de ces propos: "Il y aura beaucoup de militants à Saignelégier. Il n'est pas prévu de manifester spécifiquement contre Monsieur Schnegg. Nous ne faisons pas d'appel à la violence, mais il ne doit pas s'attendre à ce que nous lui fassions des courbettes. Cependant, le 23 juin est une fête. Elle ne doit pas être gâchée par des actes répréhensibles."
Les deux gouvernements calment le jeu
Interrogé sur la RTS, le président du Gouvernement jurassien Jacques Gerber estime qu'il était de son devoir d'inviter tous les cantons, y compris Berne: "Le Jura s’est battu il y a 40 ans pour devenir un canton suisse, faire partie de cette alliance. Il serait particulier pour notre gouvernement que ce dernier n’invite pas tous les Confédérés, qui ont tous répondu favorablement pour célébrer cette fête."
En dépit du contentieux avec Berne sur la question de Moutier (voir encadré) et de son avenir, le conseiller d'Etat explique dans La Matinale que ce n'est pas au gouvernement jurassien de juger du profil des représentants des invités, faisant référence à la présence de Pierre-Alain Schnegg.
De son côté, Pierre-Alain Schnegg (UDC) calme le jeu et ne se déclare "pas du tout" préoccupé par les critiques. Relevant qu'il est, au sein du gouvernement bernois, le "représentant de la minorité francophone, l'élu du Jura bernois", le conseiller exécutif se dit "convaincu que les Jurassiens, ceux qui sont fiers de leur canton, auront à coeur de fêter avec des représentants de l'ensemble de cantons".
Sécurité adaptée
Ce type de commémoration a déjà donné lieu à des débordements par le passé. Lors des festivités du 25e anniversaire à Delémont, en septembre 2004, des membres du groupe Bélier avaient fracassé à coups de masse la tête de la Sentinelle des Rangiers, symbole selon eux de l'oppression dont ils ont été victimes. La scène s'était passée à quelques dizaines de mètres de l’église où toute la Suisse était réunie.
Le gouvernement bernois se dit pour sa part "persuadé que la manifestation se déroulera en toute sérénité et que les organisateurs ont pris les dispositions nécessaires".
"Nous mettrons tout en œuvre pour accueillir nos hôtes dans de bonnes conditions et éviter tout débordement", affirme pour sa part le ministre Jacques Gerber. Un dispositif policier sera de toute façon mis en place en raison de la présence du conseiller fédéral Alain Berset, qui prendra la parole lors de la partie officielle.
Gaël Klein/jfe
Le vote du rattachement de Moutier au Jura
Les militants autonomistes profiteront des festivités du 40e anniversaire pour évoquer Moutier. Le secrétaire général du MAJ Pierre-André Comte évoque un "devoir de protestation".
Le mouvement autonomiste pourrait adresser un message au canton de Berne et à la Confédération. "Le 23 juin 2019, une occasion propice nous sera donnée de le leur répéter", affirme le MAJ dans le journal le Jura Libre, faisant allusion à l'appartenance cantonale de Moutier.
Le 18 juin 2017, les citoyens de Moutier ont décidé à une courte majorité de quitter le canton de Berne pour rejoindre celui du Jura. Mais la préfète du Jura bernois a invalidé le vote en estimant qu'il a été entaché d'irrégularités. Cinq recours sont pendants auprès du Tribunal administratif du canton de Berne contre cette décision.