Utiliser les bénéfices de la BNS reversés aux cantons pour financer la lutte contre la pauvreté dans le Jura, telle est l’idée lancée par Suzanne Maître, députée jurassienne du PCSI, le parti chrétien social indépendant. Elle vient de déposer une motion parlementaire qui demande que les 11,5 millions de francs touchés cette année par le Jura soient destinés à des mesures en lien avec le rapport sur la pauvreté publié l’an dernier.
Ce premier rapport social dans le Jura révélait qu'un Jurassien sur dix était touché par la pauvreté et presque un sur quatre menacé de précarité. Sa publication avait entraîné des réactions parfois très critiques sur le manque de mesures stratégiques. Un ancien député craignait alors que l’on dise que le Jura est trop pauvre pour s’occuper de ses pauvres.
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"On nous a longtemps dit qu'il n'y avait pas de moyens"
La motionnaire, Suzanne Maître, est présidente de la commission parlementaire de la santé et des affaires sociales. Très active dans ce domaine, elle connaît bien le dossier. Selon elle, la situation de bon nombre de Jurassiens en difficulté mérite une attention et une intervention soutenues du pouvoir politique, et ils devraient être considérés comme prioritaires. Elle s’appuie donc sur la bonne fortune de la Banque nationale suisse qui, cette année, va pouvoir reverser une partie de son bénéfice aux cantons.
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"Ça fait longtemps qu'on nous dit qu'il n'y a pas de moyens, pas d'argent. Là, on aura 11 millions. Ça m'a fait tilt. Voilà ce qu'il nous faut pour prévoir des projets permettant d'enrayer cette pauvreté", a déclaré l'élue chrétienne sociale indépendante dans le 12h30 de la RTS vendredi.
"Il ne s'agit pas d'une idée électoraliste ou qui vise les élections qui arrivent en automne, mais de la volonté de faire quelque chose pour les plus démunis de notre canton", poursuit Suzanne Maître, qui dit ne pas craindre d'être taxée de populisme avec une telle idée.
Il faudra convaincre le Parlement
Elle envisage d'utiliser l'argent de la BNS pour des projets en matière de formation continue, "car les gens dans la précarité manquent souvent de formation", pour l'éducation des enfants des familles précaires et les jeunes en difficulté, ou encore pour créer un fonds de désendettement, qui pourrait être géré par Caritas. A long terme, elle imagine le développement d'une structure pour aider les personnes victimes de violences et qui, selon elle, n'existe pas dans le canton actuellement.
"On a actuellement un gouvernement de centre-gauche sur lequel je compte beaucoup pour déjà accepter la motion", indique l'élue du Jura. Il faudra néanmoins la faire passer ensuite au Parlement qui, lui, est à droite.
Gaël Klein/vic