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Le rapport sur la géothermie met le gouvernement jurassien dans l'embarras

Le rapport du Service sismologique suisse n'indiquerait "aucune raison" de suspendre le projet de géothermie profonde à Haute-Sorne (JU), selon le Matin Dimanche qui s’est procuré le document. Ce verdict pourrait mettre les autorités jurassiennes dans l'embarras.

C'est un dossier brûlant qui rattrape les autorités jurassiennes en pleine crise du coronavirus. Le Matin Dimanche a pu se procurer le rapport du Service sismologique suisse (SED) sur le très controversé projet de géothermie profonde pétrothermale de la commune de Haute-Sorne.

Le gouvernement avait ce rapport en sa possession depuis fin octobre. Après l'avoir tenu secret le temps de prendre une décision, il devait le publier à la fin mars. Mais cette échéance avait été retardée à cause de la crise du coronavirus.

Selon le journal, l'étude indépendante, menée par le Professeur Stefan Wiemer de l'EPFZ, donnerait le feu vert aux promoteurs de Géo-Energie Suisse (GES) pour mener à bien le projet.

"En tenant compte des conditions imposées par le Canton, le concept global d’évaluation et de gestion des risques pour le projet de Haute-Sorne présenté par GES est solide et n’a pas besoin d’être fondamentalement modifié à la lumière du séisme de Pohang", concluent les experts.

Situation complexe pour le gouvernement

Mais ce feu vert pourrait bien plonger le gouvernement jurassien dans l'embarras. Il ne dispose pas des conditions pour imposer un arrêt du projet et devra donc, en cas d'interdiction, verser des indemnités aux promoteurs de GES.

Or, le projet est largement rejeté par la population, et par une large partie du monde politique et industriel. Politiquement, il pourrait donc s'avérer rédhibitoire pour le ministre de l'Environnement en charge du dossier, David Eray (PCSI), en particulier dans cette année électorale lors de laquelle il aura pour mission de défendre le seul siège de son parti à l'exécutif cantonal.

Si les craintes d'un éventuel séisme d'ampleur, comme en Corée du Sud, semblent écartées par les scientifiques, d'autres facteurs pourraient toutefois entrer en compte. En effet, le tissu économique de la région repose beaucoup sur des entreprises spécialisées dans la micro-technique. Des micro-secousses pourraient leur porter préjudice.

>> Écouter le témoignage d'un chef d'entreprise jurassien, opposé au projet :

Des entreprises s'opposent au projet de géothermie profonde dans le Jura. [RTS - Gaël Klein]RTS - Gaël Klein
JU: une quarantaine de patrons s’opposent à la géothermie / La Matinale / 1 min. / le 6 novembre 2019

Le gouvernement jurassien aura donc la tâche délicate, malgré la pandémie de coronavirus, de gérer ce dossier. Il sera pris entre son opinion publique, les enjeux financiers de GES ainsi que les ambitions de l'Office fédéral de l'énergie, qui compte sur la géothermie pour pallier à la sortie planifiée du nucléaire.

jop

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