Les autorités jurassiennes estiment qu'il faut s'attendre à voir disparaître assez rapidement des forêts entières de résineux comme des plantations d'épicéas en plaine ou sur des versants chauds et secs, avec un impact indéniable sur le paysage.
Les populations de bostryches sont en pleine expansion, relève mardi l'Office de l'environnement. Leur propagation s'accélère dans les forêts de résineux et les pâturages boisés du canton. La sécheresse de 2019, tout comme l'hiver doux et le printemps chaud et sec de cette année ont encore favorisé la pullulation de cet insecte.
En matière de volume de bois infesté, cette année 2020 risque de dépasser le record de 2003, lorsque les attaques de bostryches consécutives à Lothar et à la canicule de l'été avaient nécessité l'exploitation forcée de près de 50'000m3 de bois.
Scieries à l'arrêt avec le Covid-19
Et la pandémie de Covid-19 a encore favorisé la multiplication de cet insecte ravageur en raison de l'arrêt quasi complet des activités dans les scieries alors que les stocks dans les chaufferies sont déjà saturés.
Cette impossibilité d'évacuer rapidement les bois infestés remet en cause l'efficacité même de la lutte. D'autres solutions techniques, comme l'écorçage en forêt, se révèlent illusoires, selon l'Office de l'environnement jurassien.
Les propriétaires des forêts, notamment les collectivités publiques, ne pourront pas libérer les moyens financiers nécessaires pour lutter contre cet insecte en raison de la situation économique actuelle. Le budget cantonal ne permettra pas de soutenir financièrement toutes les actions des propriétaires.
Cibler les forêts prioritaires
Face à cette situation, la lutte doit au minimum se poursuivre dans les forêts considérées comme prioritaires pour la protection contre les dangers naturels et dans la mesure du possible dans les pâturages boisés, emblème identitaire du canton du Jura.
Il appartient désormais à chaque propriétaire d'agir de manière ciblée. L'application stricte de l'obligation d'agir rapidement et à grande échelle fixée dans la législation pour éviter la contagion des arbres sains n'est plus réaliste.
ats/oang