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Le projet de géothermie profonde dans le Jura n'est pas encore enterré

JU: Le projet de géothermie profonde dans la commune de Haute-Sorne cristallise les tensions
JU: Le projet de géothermie profonde dans la commune de Haute-Sorne cristallise les tensions / 19h30 / 2 min. / le 22 juillet 2020
Une vaste opposition de la population a conduit le gouvernement jurassien à retirer au promoteur Geo-Energie Suisse, en avril dernier, le permis de construire une installation de géothermie profonde à Glovelier. Mais ce dernier y croit encore et poursuit ses études.

Le 6 avril 2020, le gouvernement jurassien avait annulé le permis de construire qu'il avait pourtant accordé en 2015, plaçant dans l'impasse le projet de géothermie profonde qui devait s'implanter entre Glovelier et Bassecourt, dans la commune fusionnée de Haute-Sorne (JU).

"Aller au conflit avec la population, je ne crois pas que c’est porteur pour une technologie telle que la géothermie, et ce n’est pas ce que veut la Confédération non plus", avait dit à l'époque le ministre de l’Environnement. En clair, le canton a cédé sous la pression populaire. Personne ne veut de ce projet dans le Jura, que certains jugent dangereux notamment par rapport aux risques de tremblement de terre.

>> Lire à ce sujet : Le Gouvernement jurassien ne veut plus de géothermie profonde à Haute-Sorne

Les oppositions à cette construction, prévue depuis 2012, sont toujours très vives aujourd'hui. "C’est un projet purement expérimental, qui est dangereux. Les projets pétrothermaux se sont tous terminés par des échecs et des catastrophes. La dernière en date était à Pohang en Corée du Sud. C’était quasiment le même projet qu'ici, avec fracturation hydraulique", critique Jack Aubry, président de l'association Citoyens responsables Jura, dans le 19h30 de la RTS mercredi.

>> Lire à propos de Pohang : Un tremblement de terre en Corée du Sud a des répercussions dans le Jura

Le promoteur n’abandonne pas

Malgré ces nombreuses réticences, le promoteur n’abandonne pas. Propriétaire de la parcelle, Geo-Energie Suisse veut aller de l’avant. "On a prévu de réaliser notre projet par étapes. Le première phase est dédiée à l'exploration, c'est-à-dire à mieux comprendre de quoi est fait le sous-sol et à mesurer toutes ses caractéristiques. C'est seulement sur cette base-là que toutes nos études seront mises à jour et que l’on saura si le projet peut continuer ou pas", détaille Olivier Zingg, chef de projet Suisse romande de Geo-Energie Suisse.

Depuis peu, l’investisseur a trouvé un allié politique en la personne du conseiller national PLR Matthias Jauslin, qui a interpellé la Confédération. "Nous sommes convaincus que la géothermie représente une source d’énergie à exploiter dans le cadre de la stratégie énergétique 2050. Pour la Suisse, c’est important de rendre cette technologie possible", a réagi le parlementaire argovien.

Forages expérimentaux sous la Furka

En Suisse, dix centrales hydrothermales sont déjà en activité, et de nombreux autres projets sont à l'étude. Quant aux projets de centrales pétrothermales, ils sont au nombre de six.

Depuis une année, Geo-Energie Suisse travaille aussi en sous-sol de l’autre côté du Gothard, en terres tessinoises. Elle effectue toute une série de forages dans les roches granitiques d'une galerie qui donne accès au tunnel ferroviaire de la Furka. Leur objectif est de vérifier comment les roches granitiques réagissent lorsque de l'eau est injectée sous forte pression. "Ces injections seront accompagnées de mesures très précises de la sismicité. On va vraiment vérifier que ce soit sûr", rassure le directeur de Geo-Energie Suisse Peter Meier.

Les résultats de ces expérimentations seront connus d’ici peu et rassureront peut-être, ou peut-être pas, les opposants jurassiens à ce projet.

>> Regarder l'analyse de Pascal Jeannerat dans le 19h30 de la RTS :

Développement de la géothermie en Suisse: les précisions de Pascal Jeanneret
Développement de la géothermie en Suisse: les précisions de Pascal Jeanneret / 19h30 / 1 min. / le 22 juillet 2020

>> Le reportage d'Ici la Suisse dans le tunnel expérimental de Bedretto (TI) en février dernier :

La branche du tunnel ferroviaire de la Furka qui mène à Bedretto, au Tessin (ici lors de la construction du tunnel en 1980). Elle n'a finalement jamais vu passer de train, mais est maintenant utilisée pour des tests de géothermie. [Keystone - Str]Keystone - Str
Ici la Suisse - Aux confins du Tessin, l’EPFZ conduit des tests liés à la géothermie / Ici la Suisse / 5 min. / le 28 février 2020

Sujet TV: Rouven Gueissaz et Daniel Bachmann
Adaptation web: Vincent Cherpillod

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