Le 6 avril 2020, le gouvernement jurassien avait annulé le permis de construire qu'il avait pourtant accordé en 2015, plaçant dans l'impasse le projet de géothermie profonde qui devait s'implanter entre Glovelier et Bassecourt, dans la commune fusionnée de Haute-Sorne (JU).
"Aller au conflit avec la population, je ne crois pas que c’est porteur pour une technologie telle que la géothermie, et ce n’est pas ce que veut la Confédération non plus", avait dit à l'époque le ministre de l’Environnement. En clair, le canton a cédé sous la pression populaire. Personne ne veut de ce projet dans le Jura, que certains jugent dangereux notamment par rapport aux risques de tremblement de terre.
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Les oppositions à cette construction, prévue depuis 2012, sont toujours très vives aujourd'hui. "C’est un projet purement expérimental, qui est dangereux. Les projets pétrothermaux se sont tous terminés par des échecs et des catastrophes. La dernière en date était à Pohang en Corée du Sud. C’était quasiment le même projet qu'ici, avec fracturation hydraulique", critique Jack Aubry, président de l'association Citoyens responsables Jura, dans le 19h30 de la RTS mercredi.
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Le promoteur n’abandonne pas
Malgré ces nombreuses réticences, le promoteur n’abandonne pas. Propriétaire de la parcelle, Geo-Energie Suisse veut aller de l’avant. "On a prévu de réaliser notre projet par étapes. Le première phase est dédiée à l'exploration, c'est-à-dire à mieux comprendre de quoi est fait le sous-sol et à mesurer toutes ses caractéristiques. C'est seulement sur cette base-là que toutes nos études seront mises à jour et que l’on saura si le projet peut continuer ou pas", détaille Olivier Zingg, chef de projet Suisse romande de Geo-Energie Suisse.
Depuis peu, l’investisseur a trouvé un allié politique en la personne du conseiller national PLR Matthias Jauslin, qui a interpellé la Confédération. "Nous sommes convaincus que la géothermie représente une source d’énergie à exploiter dans le cadre de la stratégie énergétique 2050. Pour la Suisse, c’est important de rendre cette technologie possible", a réagi le parlementaire argovien.
Forages expérimentaux sous la Furka
En Suisse, dix centrales hydrothermales sont déjà en activité, et de nombreux autres projets sont à l'étude. Quant aux projets de centrales pétrothermales, ils sont au nombre de six.
Depuis une année, Geo-Energie Suisse travaille aussi en sous-sol de l’autre côté du Gothard, en terres tessinoises. Elle effectue toute une série de forages dans les roches granitiques d'une galerie qui donne accès au tunnel ferroviaire de la Furka. Leur objectif est de vérifier comment les roches granitiques réagissent lorsque de l'eau est injectée sous forte pression. "Ces injections seront accompagnées de mesures très précises de la sismicité. On va vraiment vérifier que ce soit sûr", rassure le directeur de Geo-Energie Suisse Peter Meier.
Les résultats de ces expérimentations seront connus d’ici peu et rassureront peut-être, ou peut-être pas, les opposants jurassiens à ce projet.
Sujet TV: Rouven Gueissaz et Daniel Bachmann
Adaptation web: Vincent Cherpillod