"Il faut faire attention", a-t-il affirmé lundi dans La Matinale, en commentant les résultats des élections de dimanche. "Dans un deuxième tour, en général, la population choisit son gouvernement, elle le modèle, alors que le premier tour est plutôt une opération de tri", a rappelé l'ancien élu démocrate-chrétien. "Mais il faut noter que le PDC s'en tire bien. C'est vraiment un bon score pour un premier tour, mais il faudra naturellement le confirmer au deuxième".
A ses yeux, c'est le défi maintenant pour le PDC, qui doit mobiliser peut-être davantage ses troupes en vue du deuxième tour. Par rapport au bon résultat des deux socialistes - Nathalie Barthoulot 2e et Rosalie Beuret Siess 3e -, Jean-François Roth a relevé qu'elles ont bénéficié de la "prime aux sortants" et de l'alliance avec les Verts, qui a appelé à voter uni.
Divisions internes
Dans le Jura, le PDC a fortement régressé ces dernières années. Lorsque Jean-François Roth siégeait au gouvernement, le parti y comptait trois ministres, alors qu'il n'en a plus qu'un aujourd'hui, Martial Courtet. L'ancien président du PDC Jura explique cette chute par des divisions internes. "Une maison divisée contre elle-même est toujours très affaiblie dans ce genre d'élections. Les divisions ne sont jamais bonnes pour la cohésion d'un parti, et elles se résorbent lentement".
Pour l'ancien magistrat, le PDC subit peut-être aussi un peu l'usure du pouvoir et du temps. Et le Jura est peut-être aussi en train de changer dans sa sociologie. En outre, l'arrivée de nouveaux partis fait que le paysage politique se disperse sur des acteurs différents.
Le PDC suisse doit se ressaisir
Au niveau suisse également, le PDC est en recul, et ce depuis de nombreuses années. "Il faudra voir comment il peut se ressaisir, à la faveur d'un changement de nom. Mais pas seulement un changement de nom: je pense qu'il faut aussi véritablement reconstruire une politique du centre et voir s'il arrive à remonter la pente", analyse Jean-François Roth.
L'invité de La Matinale a aussi reconnu que la réflexion sur le changement de nom du parti - les dirigeants ont proposé Le Centre, avec l'abandon de la mention "chrétien" - aurait peut-être dû se faire plus tôt. "En ville, notamment, il peut y avoir des réticences avec l'affichage d'une couleur religieuse". Au-delà de ce changement de nom, il s'agit aussi de construire une politique du centre, avec d'autres partis qui peuvent être regroupés, comme le PBD ou le PEV. "Il faut construire des ponts, et c'est un peu la spécialité du PDC".
Rester au-dessus de 10%
Sur le plan national, descendre au-dessous de la barre de 10% commence à être dangereux pour la présence de ce parti au Conseil fédéral, relève l'ancien ministre jurassien. Et de constater que la situation diffère d'un canton à l'autre, avec un recul dimanche en Valais, mais des bons résultats en Argovie.
Pour lui, un parti majoritaire comme l'était le PDC en Valais n'est pas un modèle qui a un grand avenir: "Un partage du pouvoir est aussi salutaire, et la population aime bien la pluralité".
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Interview radio: David Berger
Adaptation web: Jean-Philippe Rutz