Tout comme pour le Marché-Concours de Saignelégier annulé cet été aux Franches-Montagnes, la traditionnelle fête de la St-Martin passe dans l'ensemble à la trappe ce week-end, elle qui attire chaque année des dizaines de milliers de touristes.
Le marché à Porrentruy et les marches gourmandes organisées en Ajoie ont été annulés, tout comme les repas festifs organisés dans les restaurants ajoulots et même au-delà.
A Chevenez, haut-lieu de la St-Martin, le village est habituellement en pleine ébullition à cette période, se transformant en capitale de la fête le temps de deux week-ends. Mais il vit cette année dans le plus assourdissant des silences.
Esprit de la fête et convivialité difficiles avec le Covid
Bouchers, restaurateurs, traiteurs et sociétés villageoises sont passés par tous les états d’âmes ces derniers mois jusqu'à ce que la décision soit prise.
La fermeture des établissements publics et l’interdiction des rassemblements de plus de cinq personnes depuis le début du mois ont douché les espoirs de tout un secteur, mais aussi de tous ceux qui attendaient avec impatience de faire la St-Martin et de manger ses huit plats de cochonnaille, du boudin à la choucroute en passant par les atriaux et la gelée.
Toutefois, coronavirus ou pas, certains Jurassiens vont fêter ce week-end, surtout en Ajoie. Mais de manière beaucoup plus mesurée et en petit comité.
"La St-Martin, c'est l'esprit de la fête, la convivialité. Cette année, on n'aura pas, mais on va s'arranger pour faire chacun dans son petit coin. On s'habituerait plus facilement à un hiver sans neige qu'à une année sans St-Martin", regrettait Michel Baconat, maire de la commune de Haute-Ajoie, cette semaine dans La Matinale.
Une St-Martin à l'emporter
Pour Cédric Saner, patron du Cheval Blanc à Chevenez, c'est un tiers du chiffre d’affaires annuel qui passe à la trappe avec cette annulation. L’année passée, il avait servi dans son restaurant 1200 convives lors de la St-Martin. Ce sera nettement moins cette année. "C'est vraiment triste (...) on le vit très difficilement, moralement c'est très pénible", confie-t-il.
Après l’année qu’il vient de traverser, il comptait sur cette St-Martin pour arriver à un chiffre rond en bas de page dans ses comptes, à savoir 0. Mas la suite sera difficile, tout comme pour l’ensemble des restaurateurs qui avaient mis beaucoup d’espoir dans cette période pour renflouer leurs caisses.
Pour faire face à l'adversité, Cédric Saner a tout de même mis en place une solution alternative: une St-Martin à l'emporter, en collaboration avec le club des motards du village, vendredi et samedi soir. Mais cela ne remplacera jamais un boudin dégusté dans une ambiance festive.
>> Revoir le reportage du 19h30:
Reportage radio: Gaël Klein
Adaptation web: Frédéric Boillat