Valérie Soukhérépoff, pendule en main, prescrit des gélules à base de champignons dans son cabinet de la région bâloise. Elle a lancé son entreprise au début de la pandémie et le chiffre d’affaires donne le vertige.
"La première année, nous avons fait 302’000 francs et nous allons doubler cette année", explique-t-elle lundi dans le 19h30 de la RTS. Mais au-delà des chiffres, il y a "la réalité que les humains ont envie de retourner à la nature", souligne cette mycothérapeute.
Reste que ce retour à la nature fait peur à la justice. Valérie Soukhérépoff est sous le coup d’une enquête pénale menée par le Ministère public jurassien, qui l’accuse d’exercice illégal de la médecine.
"Des prestations qui peuvent mener à la ruine des victimes"
Malgré le soutien de ses patients, certains y voient du charlatanisme. Le député jurassien Patrick Cerf va même plus loin et dénonce des dérives sectaires. "Ce sont des prestations payantes qui coûtent cher et qui peuvent mener à la ruine psychique, psychologique et financière des personnes victimes de ces faits", dénonce le socialiste.
On a appris récemment que, pour se protéger du Covid, un Jurassien (sans lien avec Valérie Soukhérépoff) avait ingéré des particules d’argent mélangées à du lait. Résultat: une peau qui restera bleue à vie.
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Un fossé toujours plus grand entre science et croyances
La doctoresse Jessica Colombé, membre de la Société médicale du canton du Jura, constate dans son cabinet que le fossé s'élargit entre la science et les croyances des patients.
"Les données scientifiques actuelles bougent tous les jours et il est difficile d'avoir des réponses vraies en permanence", déplore-t-elle. "C’est difficile et peut-être que dans les thérapies alternatives on a quelque chose de moins mouvant. Donc les patients se tournent vers elles."
Appel à un meilleur encadrement des pratiques
De fait, les règles entourant ce type de diagnostic sont aujourd'hui quasi inexistantes et le député Patrick Cerf veut une intervention rapide du gouvernement jurassien. "Pourquoi ne pas encadrer ces thérapies alternatives?", interroge-t-il. "C’est quand même la santé des gens qui est en jeu".
Des voix s’élèvent aussi pour légiférer sur ces pratiques dans les cantons de Vaud et de Fribourg.
Serge Mérillat/oang