Dans les forêts jurassiennes, ce n’est pas le coup de fusil qui résonne, mais plutôt le coup de tonnerre. Selon Pro Natura, le chamois serait en danger et l'organisation demande un moratoire d’au moins cinq ans sur sa chasse. Il devrait permettre aux chamois d’occuper l'ensemble des milieux qui lui sont favorables avec des effectifs naturels, argumente Pro Natura.
Passer de 360 à 4400 animaux
Le souhait de l'organisation est de voir la population de chamois passer de 360 actuellement à 4400, soit douze fois plus. Pour les chasseurs jurassiens, clairement, on se trompe de cible. "C'est une attaque contre la chasse", s'est insurgé Jean-Luc Berberat, président de la Fédération cantonale jurassienne des chasseurs, dans le 12h45 de la RTS.
Pour lui, "c'est une manière, un peu, de saucissonner les dossiers, en ciblant une espèce comme le chamois. On dit: 'On fait un moratoire; circulez, il n'y a plus rien à voir; les chasseurs, vous rentrez dans vos pénates et vous ne chassez plus cette espèce'".
Situation alarmante
L'étude de Pro Natura a donc mis le feu aux poudres. Son auteur, Gauvain Saucy, est convaincu que la situation est alarmante. "Nous avons mis ici en lumière un des problèmes les plus importants, soit le fait que le taux de prélèvement des chamois par la chasse est plus important que le taux d'accroissement de la population", souligne-t-il. "A long terme, cela va donc faire diminuer la population".
Le canton se justifie
Mais il y a un paradoxe dans cette affaire: depuis quarante ans, la population de chamois dans le canton a été multipliée par cinq. Critiqué, l’Etat se justifie: "Nous gérons aussi le chamois avec des études et des comptages, et nous n'arrivons pas du tout aux mêmes conclusions", explique Patrice Eschmann, chef de l'Office cantonal de l’environnement.
A ses yeux, les milieux propices au chamois sont bien colonisés et "toutes les personnes qui se baladent dans la forêt jurassienne constatent une bonne présence de cette espèce".
Sujet TV: Daniel Bachmann
Adaptation web: Jean-Philippe Rutz