Le Jura est l'un des rares cantons à ne pas avoir de cadre légal pour réguler ces pratiques. "Cela peut expliquer l'intérêt que vouent certains charlatans à notre coin de pays", relève le motionnaire Patrick Cerf. Pour l'élu socialiste, ces "charlatans" discréditent l'ensemble des soins complémentaires.
Pour le motionnaire, la pandémie de Covid-19 a été révélatrice de graves dérives dans la pratique de ces disciplines qui ne s'appuient pas sur des preuves scientifiques solides. Des thérapeutes peu scrupuleux ont tiré profit du coronavirus, estime le député socialiste, qui donne l'exemple d'une "spécialiste" de la mycothérapie condamnée par la justice jurassienne pour exercice illégal de la médecine. Elle avait notamment réalisé des diagnostics par SMS. Certains praticiens exercent également une emprise psychologique sur leurs clients, selon Patrick Cerf.
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"Dérives du charlatanisme"
Le député a tenu à préciser que son texte ne visait pas le "secret", cette pratique de la guérison par la prière ou la pensée, qui est généralement pratiquée gratuitement par ses tenants.
"Il s'agit de protéger les clients et les praticiens et de prévenir les graves dérives de charlatanisme observés sur le sol cantonal", a-t-il expliqué.
Seule l’UDC s’est opposée à l'introduction d'un nouveau cadre. Elle le juge flou, donc inefficace, et craint pour le coût des ressources potentielles en personnel que demandera ce dispositif.
Pas de registre
De son côté, le Gouvernement a apporté son soutien à cette démarche, jugeant nécessaire de s'aligner sur les autres cantons. Il propose d'instaurer une obligation d'obtenir une autorisation de pratiquer pour les détenteurs du diplôme fédéral en naturopathie ou de "thérapeute complémentaire".
La proposition d’inscrire certaines "conditions d’exercices" dans la loi sur la santé a fait mouche. Notamment des notions telles que la non-mise en danger des patientes et des patients - qui ne figurait pas dans la loi jusqu'à présent -, l'absence de risque de confusion avec des thérapies médicales soumises à autorisation, ou encore que l’activité de ces thérapeutes reste sous leur propre responsabilité, a détaillé le ministre de la Santé Jacques Gerber.
Le Gouvernement, en revanche, ne juge pas opportun d’introduire un registre des praticiens de médecines complémentaires.
ats/jop
Les Romands gros consommateurs de médecine complémentaire
Au niveau suisse, les Romands sont les plus gros consommateurs de médecine complémentaire.
Avec 34,5% des habitants qui y ont recours, le canton de Fribourg est en tête devant le canton de Vaud (31,1%), Neuchâtel (30,4%), le Valais (30,1%) et le Jura (28,4%). Uri, premier canton alémanique, n'est qu'en sixième position, avec 27,1%.