Les employés de l'ancienne usine Burrus de Boncourt, dans le canton du Jura, sont encore sous le choc vendredi après l'annonce de British American Tobacco la veille.
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Les syndicats Unia et Syna leur ont apporté leur soutien avant l'assemblée du personnel qui devrait être organisée la semaine prochaine. Elle se tiendra dans la perspective de la procédure de consultation organisée par le cigarettier durant quatre semaines.
"La réunion permettra d'expliquer leurs droits aux salariés et la manière de les accompagner", a indiqué Rébecca Lena, secrétaire régionale d'Unia région transjurane. Mais c'est au personnel de décider s'il mandate ou non Unia et Syna pour les représenter globalement, a-t-elle précisé, sachant que les syndicats défendent de toute façon leurs membres.
"Je ne suis pas choqué parce qu'on savait"
Le délai de moins d'un mois est relativement court et les employés de l'usine n'y croient du reste plus vraiment. "Pour moi, c'est fini. Il y a une consultation, c'est la loi qui le veut. Pour les six prochains mois, il n'y aura pas de souci, parce qu'il faut bien honorer les commandes, mais dans les 12-18 mois il n'y aura plus une clope qui sortira de Boncourt", déplore Daniel Goffinet dans le 12h30.
"Je ne suis pas choqué parce qu'on savait", poursuit cet employé retraité qui travaille sur le site depuis 33 ans. "Mais j'avais une espérance entre dix et vingt ans. C'est ça qui est pénible, de se dire que maintenant c'est terminé."
Ce type de multinationales prennent des décisions contre lesquelles "on ne peut pas faire grand-chose", relève de son côté la syndicaliste Rébecca Lena.
Les syndicats entendent en revanche prendre au mot le Gouvernement jurassien, qui a dit attendre "un plan social exemplaire". L'exécutif a déploré un "coup dur" pour le canton ainsi que pour les employés et leurs familles, et annoncé dans un communiqué qu'il "fera en sorte de défendre les intérêts jurassiens et ceux des employés dans la phase de consultation qui s’ouvre".
Interrogé jeudi dans le 19h30 de la RTS, le maire de Boncourt Lionel Maitre a évoqué de son côté "un choc, une déception, un sentiment de désolation et de gâchis".
oang avec ats
Un patrimoine industriel né en 1814
Le site jurassien de BAT constitue un patrimoine de l'histoire industrielle cantonale. Fondée en 1814 par la famille Burrus, qui a longtemps joué un rôle de mécène dans la commune de Boncourt, l'usine est passée aux mains de Rothmans International en 1996.
L'entreprise a ensuite fusionné en 1999 avec la multinationale British American Tobacco (BAT), qui en a fait son siège principal en Suisse.
L'usine produit depuis 1887 les cigarettes "Parisienne", deuxième marque la plus vendue dans le pays, dans un contexte de baisse continue de la consommation au fil des décennies.
En janvier 2014, le département recherche et développement de BAT avait déjà fermé son usine-pilote à Boncourt, avec une quinzaine de suppressions d'emplois à la clé.