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Le Jura équipe sa police cantonale de pistolets électriques

La police jurassienne se forme à l’utilisation du taser, qui sera déployé d'ici l'été
La police jurassienne se forme à l’utilisation du taser, qui sera déployé d'ici l'été / La Matinale / 4 min. / le 20 février 2023
La police cantonale jurassienne est la première en Suisse romande à s'équiper de pistolets électriques, connus sous le nom de taser. Pour l'heure, ses agents et agentes s'entraînent à manier ces armes, dont la mise en service est prévue d'ici l'été.

"La volonté première était d'obtenir une désescalade lors d'une situation dangereuse ou tendue avec un agresseur", indique lundi dans La Matinale Damien Rérat, commandant de la police cantonale. Il précise que cette dernière a acquis une douzaine d'appareils de type taser et que toute la police-secours y sera formée, soit un peu plus d'une centaine d'agents.

"Lorsqu'elle prend son service, la patrouille s'équipe d'un taser. L'un des deux agents l'a à la ceinture pour toutes les interventions d'urgence", détaille le policier. Pour s'équiper de cet appareil, passer un test est nécessaire.

L'arme agit en envoyant des impulsions électriques sur la personne visée, dans le but de la pétrifier durant cinq secondes, sans lui faire perdre connaissance, précise Michel Hintzy, le responsable de la formation continue du corps de police cantonale. L'appareil n'est pas dangereux et est plus simple à gérer qu'une arme à feu, assure-t-il.

Eric Froidevaux, chef de la gendarmerie, l'a testé sur sa personne lors de son introduction dans le Groupe d'Intervention (GI), il y a une dizaine d'année. "C'est assez impressionnant. On a un sentiment d'impuissance. Dès que ça s'arrête, on se relève un tout petit peu groggy, mais c'est comme si rien ne s'était passé", raconte-t-il.

Adoption en Suisse alémanique

Plusieurs cantons alémaniques ont déjà adopté le taser comme Zurich, Berne (y compris le Jura bernois) ou Bâle-Ville. Le Jura fait exception en Suisse romande. En général, il n’y a que les groupes d’intervention qui disposent de cet arsenal.

Ainsi, dans le canton de Vaud, environ 45 policiers sont équipés au sein du Détachement d’action rapide et de dissuasion (DARD) et du Groupe d’intervention de la police lausannoise (GIPL).

La police genevoise n'envisage pas non plus d'introduire le taser au sein de ses patrouilles, car il est réservé au Groupe d'intervention.

>> Écouter tout le sujet sur l'introduction du taser dans les polices cantonales dans le 12h30 :

Le taser entre à la police jurassienne. [RTS - Gaël Klein]RTS - Gaël Klein
Si la police jurassienne se forme au taser, les autres polices sont réticentes / Le 12h30 / 2 min. / le 20 février 2023

Introduit au sein de polices communales valaisannes

En Valais, le Grand Conseil a refusé de justesse en 2014 un postulat invitant le gouvernement à introduire ces pistolets.

En revanche, les polices municipales de Viège et de Brigue en sont équipées, tout comme la police intercommunale de Crans-Montana depuis juin de l’année passée.

A Neuchâtel, le conseiller d'Etat en charge de la sécurité Alain Ribeaux (PLR) a répondu le mois dernier devant le Parlement que les agents de sécurité publique des communes ne seraient pas équipés de pistolets à impulsion électrique.

Enfin, au Tessin, plusieurs interpellations parlementaires ont déjà demandé l’introduction du taser. Elle a encore été refusée en 2019.

Débat sur les dangers

Pourquoi de telles réticences? Il y a 15 ans, Humanrights.ch et Amnesty International avaient exprimé des craintes lorsque l’emploi de ces armes a été décidé sur le plan fédéral. La majorité des élus défavorables au taser estimaient aussi qu’il était erroné d’autoriser l’introduction d’un tel appareil sans connaître ses effets possibles. Ses partisans le jugent de leur côté moins dangereux qu’une arme à feu.

En 20 ans, son usage a entraîné la mort de plusieurs centaines de personnes aux Etats-Unis et au Canada. On recense aussi quelques cas en France. Mais selon ses défenseurs, qui se basent sur des expertises médico-légales, les cas mentionnés ne pourraient être mis en relation directe avec l’effet des électrochocs.

"Un outil qui ne blesse pas"

"La pratique dans le Jura – le groupe d'intervention était déjà équipé de ce taser – et dans les autres polices cantonales qui l'ont introduit dans les groupes d'intervention ou auprès des primo-intervenants (les premiers policiers sur place lors d'une intervention, ndlr) démontre que c'est un outil qui ne blesse pas les personnes sur qui on l'utilise", argumente Damien Rérat.

Selon les dernières statistiques disponibles, en 2021, les policiers en Suisse ont utilisé 81 fois le taser. Mais à 75 autres reprises, l’effet dissuasif a été suffisant. La même année, ils ont utilisé six fois une arme à feu.

Reportage et sujet radio: Gaël Klein

Adaptation web: ami

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