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La prison de Porrentruy (JU) devra être fermée à terme

Visite de la prison de Porrentruy (JU), récemment pointée du doigt dans un rapport de la Commission nationale pour la prévention de la torture
Visite de la prison de Porrentruy (JU), récemment pointée du doigt dans un rapport de la Commission nationale pour la prévention de la torture / 19h30 / 3 min. / le 30 mai 2024
Le Gouvernement jurassien a répété mercredi devant le Parlement que la fermeture de la prison de Porrentruy (JU) était la seule solution envisageable en raison des conditions insatisfaisantes qui y règnent. La Commission nationale de prévention de la torture a jugé, dans un récent rapport, "inhumaines" les conditions de détention dans cet établissement.

La construction d'un établissement pénitentiaire, estimé à 50 millions de francs, prendra toutefois du temps, a précisé la ministre jurassienne Nathalie Barthoulot devant le Parlement. En attendant, le Gouvernement jurassien mise sur la prison de Moutier (BE). "L'objectif est d'ouvrir au plus vite en 2026", a ajouté la ministre de l'Intérieur en mentionnant la date du transfert de la cité prévôtoise.

La stratégie pénitentiaire du canton du Jura suscite régulièrement des questions au sein du législatif cantonal. Les établissements à Porrentruy et à Delémont offrent une trentaine de places. Actuellement, le Jura est contraint de placer hors canton des détenus. Interrogé jeudi dans le 19h30 de la RTS, le député CS-POP Christophe Schaffter note que la situation est connue depuis quarante ans sans solution adéquate.

Temps à l'extérieur plus long

Le Château de Porrentruy, ancienne résidence des princes-évêques dès le XVIe siècle, abrite à l'est une prison pouvant accueillir jusqu'à dix-huit détenus. Au dernier étage de la Tour du Coq se trouve la cour de promenade: un espace de 150 mètres carrés, avec deux petites fenêtres et quelques équipements sportifs et de divertissement.

Certes, cette cour de promenade ne respecte pas la Convention européenne des droits de l'Homme, mais ici les détenus bénéficient d'une faveur: ils peuvent y rester jusqu'à 2h45 par jour, bien plus que dans certaines prisons où le temps de promenade est limité à une heure par jour.

"C'est d'autant plus difficile pour les personnes en détention préventive en attendant leur jugement, présumées innocentes, indique Frédéric Hainard, avocat de détenus passés par la prison de Porrentruy. Elles nous disent qu'on les traite de manière pire que ce qu'on leur reproche. Et cela, de la part de l'Etat, qui a un rôle de garant, est interpellant."

Conditions jugées "inhumaines"

Dans un rapport publié le 21 mai, la Commission nationale de prévention de la torture (CNPT) recommande la fermeture de la prison du chef-lieu de l'Ajoie, qualifiant les "conditions de détention d'inhumaines et de dégradantes" au sens de la Convention européenne des droits de l'Homme.

"Ces personnes n'ont pas accès à une cour de promenade correcte, ils n'ont pas accès à une lumière naturelle et il y a un air insuffisamment salubre dans les cellules", explique Daniel Bolomey, membre de la CNPT.

>> En lire plus : Conditions jugées inhumaines à la prison jurassienne de Porrentruy

Le Gouvernement jurassien a "pris acte" du rapport. "Nous sommes quelque peu surpris du ton de la CNPT: les propos tenus sont relativement violents eu égard à la situation qui prévaut dans les faits au sein de la prison de Porrentruy", estime Nathalie Barthoulot.

vajo avec ats

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