André Gaignat l'avait toujours dit, fabriquer des sabots était sa passion et il la vivrait jusqu’au bout. L'artisan a ainsi pu encore faire le tour de son atelier peu de temps avant son décès. "Il n'y a pas que les bras qui travaillent, il y a la tête et le coeur", confiait-il à Couleurs d'été en 2022, se disant alors fier d'être le dernier sabotier de Suisse.
Ce métier de sabotier, il l’avait appris avec son père Marcel, avant de reprendre son activité dans les années 90. Il travaillait d’ailleurs toujours avec des machines achetées il y a près d’un siècle, une façonneuse et une creuseuse acquises en 1929. C'était sa manière, disait-il, d'honorer le savoir-faire qu'il avait reçu, un peu obligé, alors qu’il était encore enfant, racontait-il aussi dans le Téléjournal en 1988.
Perpétuer la tradition
Cette passion, André Gaignat aimait la raconter aux milliers de visiteurs qui s’arrêtaient chez lui à Cornol, en Ajoie. "C'est un don que j'ai reçu", confiait-il, précisant qu'il faut "énormément de patience" pour faire ce métier. Il concevait ses sabots essentiellement pour les carnavals, mais aussi comme éléments de décoration.
En 2014, le sabotier avait remis les clés de son atelier à une de ses filles et à son mari, sans pour autant cesser son activité. Il les a vite reprises, se souvient d’ailleurs sa fille, même si son époux apprenait le métier tous les samedis.
Aujourd’hui, la famille d’André Gaignat compte bien perpétuer la tradition de la saboterie de Cornol qui a déjà exporté ses réalisations jusqu’en Australie et en Amérique.
Gaël Klein/boi