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Le virus de la langue bleue se répand dans le canton du Jura

Une semaine après l'annonce de premiers cas de langue bleue dans le Jura, le virus s'est propagé à 18 exploitations du canton
Une semaine après l'annonce de premiers cas de langue bleue dans le Jura, le virus s'est propagé à 18 exploitations du canton / 19h30 / 2 min. / le 6 septembre 2024
Le virus de la langue bleue progresse en Suisse, notamment dans le canton du Jura, où un premier cas avait été détecté il y a plusieurs jours. Mais aujourd'hui, dix-huit exploitations sont touchées, mettant éleveuses, éleveurs et vétérinaires face à une tâche colossale.

Sans danger pour l'être humain, mais très dangereux pour le bétail, le virus de la langue bleue se répand petit à petit en Suisse (lire encadré). Après un premier cas de BTV-8 sur un bovin du canton de Vaud révélé jeudi, l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) a annoncé vendredi trois détections de la maladie de la langue bleue de sérotype 3 (BTV-3) sur des moutons dans les cantons du Jura et de Soleure. Il prépare les mesures nécessaires. 

>> Cas de maladie de la langue bleue chez les bovins et les moutons en Suisse, septembre 2024 : Répartition des cas de BTV chez les bovins et les mouton en Suisse, 4.09.2024 [OSAV - swisstopo]
Répartition des cas de BTV chez les bovins et les moutons en Suisse, 4.09.2024 [OSAV - swisstopo]

A Fahy (JU), dans le district de Porrentruy, le troupeau de l'éleveur ovin Valentin Theubet est touché de plein fouet: en quinze jours, une brebis et trois agneaux sont morts. "Une brebis peut valoir entre 400 et 800 francs. Pour l'instant, c'est une perte sèche. Il n'y a pas de compensation par la caisse des épizooties", explique l'agriculteur au 19h30 de la RTS.

Le contrôle, ainsi que la prévention du virus, engendrent également des coûts et du travail supplémentaires pour les personnes pratiquant l'élevage.

La maladie de la langue bleue se transmet par piqûres de cératopogonidés, de petits moustiques. L'infection due au virus BTV-3 provoque, en particulier chez les moutons, des symptômes graves, tels que fièvre, inflammation des muqueuses, œdèmes et boiteries. Elle touche essentiellement les moutons mais aussi les bovins, les chèvres ou d'autres ruminants.

>> Ecouter aussi le sujet du 12h30 :

Les cas de la maladie de la langue bleue se multiplient dans les exploitations agricoles du canton du Jura (photo d'illustration). [KEYSTONE - Sandro Campardo]KEYSTONE - Sandro Campardo
Les cas de la maladie de la langue bleue se multiplient dans les exploitations agricoles du Jura / Le 12h30 / 58 sec. / le 7 septembre 2024

Fort taux de morbidité

"La première chose que nous avons faite, c'est de traiter toutes les bêtes avec un répulsif et un insecticide. Tous les jours, nous venons le matin et le soir pour vérifier qu'elles se lèvent, qu'elles mangent, qu'elles restent avec le groupe. Si une brebis s'isole, c'est déjà un signe de faiblesse", précise encore Valentin Theubet.

En Suisse, chaque animal présentant des symptômes doit être déclaré et mis en quarantaine. Pour l'heure, les cantons de Bâle-Ville, Bâle-Campagne, Thurgovie et Soleure sont touchés, avec une explosion des cas dans le Jura.

"Dans notre canton, nous avons actuellement dix-huit exploitations touchées, dont cinq exploitations bovines. Nous avons un fort taux de morbidité: c'est-à-dire que beaucoup d'animaux sont malades, mais une très faible mortalité", détaille Lucas Bassin, expert au Service de la consommation et des affaires vétérinaires du canton du Jura.

Marché-Concours annulé

Afin d'éviter une propagation du virus, le Marché-Concours bovin de Delémont a été annulé; il devait accueillir ce week-end 155 animaux.

"Parmi les exposants, certains étaient déjà sous séquestre. Et nous n'avions pas non plus envie de participer à une éventuelle explosion de la langue bleue avec l'arrivée d'un regroupement de bétail ici", indique Jean-Marc Ribeaud, président de la manifestation.

En Suisse, il existe un vaccin autorisé contre le BTV-8. Chaque détentrice et détenteur peut décider librement de vacciner ou non ses animaux (lire encadré). Toutefois, même s'il existe trois vaccins contre le BTV-3, aucun d'eux n'est actuellement autorisé ni en Suisse ni dans l'Union européenne. Tout l'espoir des éleveuses et éleveurs réside actuellement dans la météo, car la propagation pourrait s'atténuer avec le retour du froid.

La maladie de la langue bleue faisant partie des épizooties à combattre, elle est soumise à l'annonce obligatoire. L'agent pathogène concerné ne présentant pas de danger pour l'être humain, la viande et les produits laitiers peuvent être consommés sans crainte, selon l'OSAV.

Sujet TV: Thierry Grunig

Texte web: jfav/sjaq et les agences

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Flambée européenne de la maladie

La maladie de la langue bleue connaît actuellement une flambée dans plusieurs pays d'Europe, avec des milliers de cas en Allemagne et plus d'un millier en Belgique. En France, le nombre d'exploitations touchées a plus que quadruplé en huit jours, avec 190 foyers confirmés au 22 août.

Les autorités néerlandaises comptent désormais dans le petit pays agricole quelque 6384 foyers, soit une augmentation de près de 1000 cas en une semaine, selon les chiffres publiés jeudi. Une sous-estimation selon le principal syndicat agricole LTO, car face à l'explosion des cas, les prélèvements sanguins ne sont plus effectués pour tous les animaux malades.

La maladie se manifeste par de la fièvre, des troubles respiratoires, de la diarrhée, une langue pendante ou encore la perte des petits lors de la gestation et parfois par la mort des animaux. Sa détection n'entraîne pas l'abattage contrairement à la grippe aviaire ou à la fièvre aphteuse chez les ruminants.

La mortalité est très faible chez les bovins infectés mais peut se traduire par une baisse massive de la production laitière.

Mesures de protection

Les vaccins peuvent réduire les symptômes, mais pas empêcher l'infection ni la propagation du virus.

L'OSAV explique qu'il n'est pas possible de protéger complètement les animaux des moustiques, même si l'utilisation de moustiquaires et de barrières physiques aide, tout comme l'application d'insecticides et de répulsifs. De plus, il est recommandé d'éloigner les animaux des eaux stagnantes.