En 2020, à Movelier dans le canton du Jura, la famille de Quentin Chèvre a décidé de le scolariser à domicile. "Je m’ennuyais, je regardais l’heure toutes les 5 minutes. Avec l'arrivée du Covid et du confinement, j'ai découvert que de travailler à la maison me stimulait davantage", explique-t-il mardi dans le 19h30 de la RTS.
Selon Marylise Chèvre, la maman de Quentin, ce qui les a convaincus, c’était de voir son enthousiasme renouvelé pour l’apprentissage et, surtout, l’importance de le voir évoluer en toute sérénité.
Mais ce désir a nécessité un réaménagement de la vie familiale. Son père supervise les branches techniques, sa mère le domaine littéraire.
Durcissement en vue dans le canton du Jura
Pour la septantaine de familles jurassiennes qui ont opté pour ce type d'enseignement, les procédures sont assez simples. Actuellement, il suffit de s'annoncer auprès du canton, à tout moment. Mais un projet de loi prévoit un durcissement des conditions, nécessitant l'accord du canton après examen. Le début de l'école à domicile ne pourrait se faire qu'à la rentrée et, surtout, la personne enseignante devrait posséder une formation achevée, dans quel que domaine que ce soit.
L'objectif est donner un cadre commun à tous les enfants, et éviter les enseignements hors programme. Selon Martial Courtet, ministre de la Formation du canton du Jura, "il n’y a pas de volonté de faire une enquête approfondie", mais plutôt de vérifier la formation des parents. Il souligne l’importance d’avoir un cadre commun, le plan d’études romand, pour tous.
L’association des parents d’élèves à domicile espère influencer les futurs débats parlementaires jurassiens, en particulier sur les tests d’aptitude qui ont lieu une fois par an, en classe et de manière groupée, ce qui leur semble incongru. "Une visite à domicile serait beaucoup plus pertinente, elle permettrait aussi au Service de l’enseignement (...) de visiter l’environnement de l’enfant", et de déterminer si le cadre est sain et propice à l’apprentissage, explique Didier Schlegel, le président de "Instruire en liberté" Jura.
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Neuchâtel sera aussi plus strict
Alors qu'en Valais et à Fribourg, où une autorisation et un diplôme d’enseignant sont exigés, le canton de Neuchâtel envisage également de serrer la vis. Car l'enseignement à domicile afficherait deux carences majeures, selon Jean-Claude Marguet, chef du service de l'enseignement obligatoire du canton.
"D’abord, un environnement familial ne peut pas se substituer à une douzaine d’enseignants qui vont prendre en charge les enfants. Puis, sur le plan émotionnel, de la connaissance des autres, de la socialisation, les expériences sont irremplaçables", affirme-t-il.
Loin de ces contingences et interrogations, Quentin terminera son éducation obligatoire à la maison. Ensuite, il envisage de commencer un apprentissage en tant que paysagiste. "Je pense que ce sera plus facile, car je vais faire un métier que j’aime vraiment", souligne-t-il.
Sujet TV: Olivier Kurth
Adaptation web: Miroslav Mares