"C'est un budget sans parts de la Banque nationale suisse (BNS)", a souligné jeudi la ministre jurassienne des Finances Rosalie Beuret Siess. C'est en raison des incertitudes sur les marchés financiers que le Gouvernement a décidé de n'intégrer aucun versement.
Dans le plan financier, les recettes issues de la BNS avaient encore été estimées à 22 millions de francs. Pour compenser ce manque à gagner, le canton va continuer d'appliquer les mesures d'économies du Plan équilibre 22-26 pour un montant de quelque 37 millions.
"C'est un exercice extrêmement exigeant et le Gouvernement a pris ses responsabilités", a relevé la ministre jurassienne qui a ajouté que le canton n'a plus pu compter sur la réserve de politique budgétaire, aujourd'hui dissoute, pour élaborer ce budget.
Mesures d’économies
Pour parvenir à limiter le déficit, le Gouvernement a dû se résoudre à prolonger la plupart des mesures prises lors de l’exercice 2024 et en adopter de nouvelles. Après négociations avec les syndicats, le renchérissement accordé aux collaborateurs sera de 0,58%. Le personnel de l'Etat pourra bénéficier d'un jour de congé supplémentaire, le 20 juin 2025.
Au final, le budget 2025 comprend 37 millions de francs des mesures d’économie prévues par le Plan équilibre 22-26, mais également 17 millions de francs supplémentaires pour compenser l’absence de versement de la BNS. Les investissements s'élèvent à 32,5 millions de francs.
Moderniser les structures
Les experts mandatés par le Gouvernement pour analyser la situation financière estiment qu'il n'est pas approprié de prendre des mesures supplémentaires à celles figurant dans le catalogue des autorités. Ils considèrent n'avoir pas la légitimité de se substituer au Gouvernement et au Parlement.
En revanche, l'ancien conseiller d’Etat neuchâtelois Jean Studer, le professeur à la HE-Arc Thierry Bregnard ainsi que l’entrepreneur Pierre-Olivier Chave considèrent qu’une action doit avoir lieu sur le fonctionnement des institutions. Ils préconisent d’entamer les réformes avec une modernisation des structures du canton.
Pour Jean Studer, les difficultés financières du canton du Jura sont récurrentes. "Il n'y a plus de marge de manoeuvre et la fortune a fondu". Pour les mandataires, les autorités doivent s'attaquer aux problèmes structurels. "Il faut investir pour sortir de l'ornière", a recommandé l'ancien conseiller d'Etat neuchâtelois.
Ce groupe d'experts préconise la constitution d'une réserve de soutien aux réformes qui serait financée par une revalorisation du patrimoine de l'Etat. Cette réforme structurelle comporterait deux axes: la modernisation du pilotage et de la gestion de l'Etat et le redéploiement des structures communales avec pour objectif de réduire le nombre de communes.
Nouvel élan avec Moutier
"L'arrivée de Moutier constitue une occasion unique pour le Jura d'entamer cette réforme institutionnelle avec l'arrivée de plus de 7000 personnes", a déclaré Jean Studer. Et d'ajouter que c'est un moment où il faut voir différemment le canton.
cab avec ats