"Une telle hausse n'est pas justifiable et n'est pas supportable", a commenté le ministre jurassien de la santé Michel Thentz. La hausse des coûts de la santé est de l'ordre de 2 à 4% alors que l'augmentation des primes maladie est nettement plus élevée, souligne Michel Thentz.
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Cette augmentation va peser sur les finances. Le canton du Jura dispose cette année de 44,4 millions de francs pour alléger les primes des personnes avec un revenu modeste. "Nous allons voir de quelle façon nous allons adapter le budget 2016 à cette nouvelle réalité".
Neuchâtel dénonce "un système à la dérive"
Le canton de Neuchâtel connaît la plus forte hausse des primes maladie en Suisse (+8,2%) et la plus importante jamais enregistrée dans ce canton. Le Conseil d'Etat dénonce un "système à la dérive".
Le Parlement fédéral doit redonner aux pouvoirs publics de réelles possibilités de contrôle et de conduite, poursuit l'exécutif neuchâtelois dans un communiqué jeudi.
Augmentation incompréhensible pour les enfants
A Genève, la hausse de 4,8% des primes maladies pour 2016 fâche le conseiller d'Etat Mauro Poggia. Cette hausse n'est à nouveau pas justifiée au regard du niveau élevé des réserves. Le système actuel va droit dans le mur, affirme le conseiller d'Etat.
La facture des problèmes persistants de l'assurance maladie est "douloureuse", déplore le canton de Vaud. L'augmentation importante qui touche les enfants est particulièrement incompréhensible, selon le Département de la santé et de l'action sociale.
Le canton de Fribourg dénonce aussi les défauts du système. La hausse annoncée n'est pas en relation avec l'évolution des coûts de la santé dans le canton, a souligné le Conseil d'Etat.
Les coûts de la santé ne sont pas l'unique cause
Imputer la hausse des primes maladie à la seule augmentation des coûts de la santé est trop simple, selon les médecins suisses. Leur organisation faîtière explique cette augmentation par de nombreux facteurs, la volonté de la population de disposer de prestations de qualité et de proximité n'étant pas le moindre.
Les explications d'Alain Berset
Pour expliquer cette hausse des primes, le conseiller fédéral en charge de la Santé Alain Berset a évoqué dans l'émission Forum le cas d’un assureur (NDLR Assura) qui a été "longtemps le moins cher, avec un groupe d’assurés généralement en bonne santé et qui ne coûtait pas grand-chose. Mais aujourd'hui, cet assureur ne le peut plus, parce qu'il a tellement grandi qu'il a aussi des 'moins bons risques', ce qui a généré un rattrapage important des primes dans certains cantons".
Face aux critiques résultant de la hausse des primes, le socialiste fribourgeois a concédé que si le système de santé est excellent, le système d'assurances est à améliorer constamment. "Et ça n’est pas facile! Nous avons beaucoup d’acteurs qui n’ont pas un immense intérêt à ce que ça bouge. Et nous faisons le maximum pour convaincre le Parlement qu'il y a des adaptations à réaliser."
A titre d'exemple, le conseiller fédéral cite la prochaine entrée en vigueur de la loi sur la surveillance des assurances maladie, qui introduira plus de transparence, ou encore le projet d'un meilleur contrôle de l'ouverture des cabinets médicaux par les cantons. "Je peux vous citer une dizaines d'exemples", a poursuivi Alain Berset, "mais il faut toujours remettre l’ouvrage sur le métier… il faut que ce système reste finançable, qu'on puisse payer les primes et contrôler leur évolution."
ats/lgr