Pour pouvoir exposer ces deux momies, une femme et un homme retrouvés dans le grenier du musée delémontain, la conservatrice Nathalie Fleury et son équipe disent avoir dû "mener une véritable enquête policière" en vue de découvrir leur origine et leur parcours.
Une démarche "passionnante" que la conservatrice a au final décidé de partager sous la forme d'une exposition, a-t-elle expliqué lundi à Couleurs locales.
De la laine de lapin péruvien
Mais comment deux momies ont-elles pu atterrir dans le grenier du Musée jurassien d'art et d’histoire de Delémont? C'est à cette question que s'est attelée l'équipe de chercheurs.
La première étape a été scientifique. Grâce aux technologies les plus modernes, il a pu être établi que monsieur est décédé à l'âge de 35 ans au 10e siècle et madame à l'âge de 25 ans au 13e siècle. L'un après avoir été frappé à la tête par une arme de guerre, l'autre pour une raison inconnue.
Et l'analyse des textiles a encore épaissi le mystère, car ceux-ci étaient constitués de laine de vizcacha, une sorte de lapin sauvage qui vit dans les hautes terres du Pérou, de la Bolivie et du Chili. Comment ces deux Sud-Américains ont-ils abouti dans le Jura?
Les momies perdues
L’enquête a nécessité des contacts au Pérou, en Allemagne ou en Espagne. Mais aussi dans la région de Delémont, où certains témoignages et des coupures de presse ont attesté que les momies ont été exposées durant de nombreuses années dans le collège de la ville et qu'elles se trouvaient dans la région au début du 20e siècle déjà.
Après de longues recherches, une piste a été privilégiée: celle d'un jeune homme d'origine neuchâteloise qui est resté durant cinq ans au Pérou au 19e siècle et qui a envoyé 16 momies en Europe durant ce laps de temps. Trois ont été retrouvées, mais pas les 13 autres.
Le couple delémontain constituerait-il deux d'entre elles? "Le mystère demeure", conclut Nathalie Fleury.
Pascal Bourquin/boi