La RTS a pris connaissance d’une lettre de quatre pages qui fait désordre dans la corbeille de la mariée promise à la ville de Moutier. Il s’agit d’un courrier envoyé il y a dix jours à l’ensemble du Parlement et du Gouvernement jurassien, et qui n’avait pas filtré jusqu’à ce jour.
Pour mémoire, près de 120 emplois devraient disparaître dans trois communes jurassiennes si la cité prévôtoise décidait de quitter le canton de Berne en juin prochain, selon le message de l’exécutif publié le 6 décembre. Ces postes seraient relocalisés à Moutier.
Quasi-unanimité aux Breuleux
Le chef-lieu Delémont – situé à moins de dix minutes de Moutier en train ou par la route – serait le plus touché, avec le transfert d’une centaine d’emplois principalement liés à la fiscalité et à l’informatique. La commune des Breuleux est l’autre grande perdante.
Dans cette localité des Franches-Montagnes, les fonctionnaires du bureau des personnes morales et autres impôts ont visiblement peu apprécié de ne pas avoir été consultés. Vingt-cinq des 26 employés ont signé une lettre commune envoyée le 15 décembre aux ministres et aux députés.
Eloignement de Moutier
Même s’ils soutiennent l’accueil de Moutier dans le canton du Jura, ils contestent vivement le déplacement de leur lieu de travail. Ils dénoncent notamment l’éloignement de la cité prévôtoise, qui rendrait difficile la conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale.
Pour se rendre des Breuleux à Moutier, il faut en effet près de 45 minutes de route et une heure et demie en transports publics. La grande majorité des fonctionnaires fait ainsi part de sa volonté de ne pas se déplacer à Moutier avec, pour conséquence, une perte de savoir-faire pour le service.
Les Franches-Montagnes prétéritées?
Chiffres à l’appui, ils estiment encore que la mesure prétérite les Franches-Montagnes et contrevient au principe d’équité entre les districts. A noter d’ailleurs que, selon le projet, l’Ajoie ne devrait perdre que quatre emplois à Porrentruy et conserverait notamment le Ministère public.
Enfin, selon les signataires, le regroupement de l’intégralité des impôts relève aussi selon eux d’une décision purement politique et non dictée par une quelconque optimisation. Les signataires de la lettre demandent donc au Gouvernement et au Parlement de revoir leur décision.
Pour Les Breuleux, c'est quand même un drame
A noter que l’annonce de ce déplacement avait déjà fait réagir la population des Breuleux qui s’en était inquiétée auprès du maire. "C’est un gros sacrifice qui est demandé à notre commune", avait relevé Renaud Baume, rencontré à la veille de l’envoi du courrier.
"On n'a pas beaucoup d'emplois tertiaires, on n'avait que cette antenne-là de l'administration cantonale (…) Ces emplois-là, on aura du mal à les remplacer. Pour Les Breuleux, c'est quand même un drame", avait-il poursuivi.
Gaël Klein/dk