La police jurassienne avait procédé à l'arrestation de Mathieu Musey et de sa famille au petit matin sur ordre des services d'Elisabeth Kopp, alors conseillère fédérale. Ils vivaient clandestinement dans une petite ferme située sur la commune d'Undervelier. Emmenée en hélicoptère à Berne, toute la famille avait été expulsée le jour même vers Kinshasa en République démocratique du Congo, pays qui portait à cette époque le nom de Zaïre.
L'épisode avait provoqué de nombreuses manifestations dans le Jura et en Suisse. Il s'était aussi invité au Parlement jurassien et au Parlement fédéral, puisque le Département fédéral de justice et police avait dû fournir un rapport à ce sujet au Conseil fédéral à l'intention de la Commission de gestion. Mis sur la sellette, le gouvernement jurassien avait aussi demandé une expertise juridique.
L'expert mandaté par le Conseil d'Etat jurassien avait conclu que le délégué fédéral aux réfugiés n'avait pas agi correctement, il n'aurait pas dû se contenter d'un simple télex à la police cantonale sans en aviser formellement l'exécutif jurassien. Un avis pourtant balayé par le Conseil fédéral de l'époque, estimant avoir informé le gouvernement cantonal de l'exécution cette mesure en bonne et due forme.
Aujourd'hui toujours établi à Kinshasa
Mathieu Musey était arrivé en Suisse en 1970 pour poursuivre ses études en philosophie et théologie. Il fréquentera plusieurs universités suisses jusqu'en 1987. Sa demande d'asile déposée en 1985 avait été rejetée, les motifs étant jugés infondés.
Contacté jeudi par la RTS, le ministre jurassien de la Justice de l'époque Pierre Boillat dit se rappeler qu'il ne pouvait pas prétendre au statut de réfugié politique, puisqu'il n'avait jamais pu établir qu'il était personnellement menacé dans son pays, dirigé par le dictateur Mobutu Sese Seko. Mathieu Musey a aujourd'hui 77 ans et vit toujours à Kinshasa.
Gaël Klein/jzim