Le document pourrait faire grand bruit dans le Jura ces prochains temps. Le rapport en question date de 1968, l'époque où la chimie bâloise a déversé des dizaines de milliers de fûts contaminés et autres déchets toxiques dans la décharge industrielle de Bonfol (JU).
Ce rapport a été rédigé par l'une des entreprises pharmaceutiques de la place rhénane. On peut y lire que "750 tonnes de déchets peu contaminés ont été utilisées pour la construction de chemins dans la commune de Bonfol", révèle le 19h30 de la RTS.
A l'heure actuelle, personne ne sait où se situent ces déchets et s'ils ont réellement servi à la construction de chemins à Bonfol.
Un rapport dévoilé par un écologiste convaincu
C'est le géographe bâlois Martin Forter qui a dévoilé ce fameux rapport. L'homme est un écologiste convaincu, membre notamment de Greenpeace et actif dans le "Collectif Bonfol". Il estime que toute la lumière doit être faite dans ce dossier. Interrogé par la RTS, Martin Forter est formel: "Nous aimerions savoir ce que c'est, où sont ces déchets, quel est le risque. Et pour ça on doit faire une investigation pour savoir où ils sont parce qu'on ne sait rien aujourd'hui."
Du côté de la commune de Bonfol, l'ancien maire (2005-2010) Jean-Denis Henzelin ne s'en cache pas, ce rapport constitue une surprise. "Au niveau de la commune, on a fait des recherches dans les différents rapports qu'on a", explique Jean-Denis Henzelin. "On a aussi consulté les procès-verbaux des conseils des années 1967, 1968 et 1969 et rien ne laisse transparaître le dépôt de tels déchets ici à Bonfol." C'est donc l'énigme!
Pas besoin de nouvelles investigations, selon la chimie bâloise
Pour la chimie bâloise, la réserve est de mise à l'heure actuelle. Selon Michael Fischer, directeur de la Basler Chemische Industrie (BCI), en charge de l'assainissement complet de la décharge, il n'y a pas lieu de mener de nouvelles investigations: "Dans un premier temps, on n'est pas très inquiets parce que depuis de nombreuses années, nous effectuons des mesures de qualité de l'eau sur plus de 100 points de contrôle et jusqu'à présent nous n'avons constaté aucun problème."
Malgré ces contrôles intensifs de la qualité de l'eau, le canton du Jura pourrait demander une nouvelle évaluation de la situation. Chef de service de l'Office de l'environnement, Patrice Eschmann déclare que le canton a exercé son rôle de haute surveillance sur les déchets: "Nous demandons aux acteurs locaux, dans le cas présent la commune et la chimie bâloise, d'investiguer plus avant dans ce dossier puisque pour le moment c'est assez vague."
Rappelons que la chimie bâloise a déversé 114'000 tonnes de déchets dans les années soixante. La BCI a déjà payé plus de 380 millions de francs dans cette gigantesque opération nettoyage du site.
Daniel Bachmann/tmun