La mesure est exceptionnelle de la part d'une commune. Les cinq membres du Conseil d'Etat neuchâtelois sont priés de venir s'expliquer devant le législatif et l'exécutif de La Chaux-de-Fonds.
La séance se tiendra à huis clos, "pour que chacun s'exprime sans langue de bois", peut-on lire dans la presse du canton.
La grande réforme cantonale en cause
Car la Ville est très inquiète: alors qu'il lui manque déjà près de 7 millions de francs dans son budget, elle craint de perdre 8,8 millions supplémentaires en raison de la grande réforme cantonale de la fiscalité et de la péréquation.
Cette dernière est censée redynamiser le canton de Neuchâtel, baisser les impôts et mieux répartir les recettes entre les communes. Et parmi celles-ci, La Chaux-de-Fonds est la seule qui ne se réjouit pas. Dans un rapport accepté jeudi dernier, elle demande qu'on lui reverse plus directement certaines recettes.
"On n'est pas des râleurs, on est simplement dans un canton qui a deux gros pôles urbains, et ces deux pôles doivent être reconnus à leur juste valeur", explique la présidente de l'exécutif communal Katia Babey lundi dans La Matinale.
"N'importe qui peut comprendre qu'on se batte"
"Les réformes en tant que telles, on les comprend, notamment celle de la péréquation", poursuit la socialiste. "La péréquation cantonale n'allait pas, on est tous d'accord. Le problème, c'est que (...) la situation des communes qui ont déjà de grosses difficultés financières est encore aggravée par la réforme (...) Dans la situation financière qui est la nôtre, je crois que n'importe qui peut comprendre qu'on se batte pour dire qu'il y a quelque chose qui ne va pas."
Mais le Conseil d'Etat conteste l'analyse chiffrée de la Ville, estimant que des solutions existent pour La Chaux-de-Fonds. Et les ministres cachent moyennement leur surprise face aux messages d'alerte de la Ville. Après s'être fendus d'une lettre, ils ont cependant accepté l'invitation pour cette discussion à huis clos, qui aura lieu lundi prochain.
Katia Babey souligne que le gouvernement cantonal a été convié par le législatif chaux-de-fonnier. "Le Conseil général a invité le Conseil d'Etat - on ne convoque pas le Conseil d'Etat, on l'invite. Nous, on sera présents, mais c'est le Conseil général qui veut poser des questions au Conseil d'Etat, notamment pour savoir qui a les bons chiffres."
Etienne Kocher/Ludovic Rocchi/oang