Le Grand Conseil neuchâtelois va déjà changer de visage en 2021. Les députés ne seront plus que 100 au lieu de 115, les districts électoraux disparaîtront et les dirigeants des communes pourraient être exclus du législatif cantonal.
La gauche propose d'en profiter pour avancer radicalement dans l'égalité homme-femmes en mettant en place une parité totale. Chaque parti devrait fournir deux listes. Les électeurs rempliraient deux enveloppes. Les sièges reviendraient aux 50 premiers de chaque sexe.
Car les parlements de Suisse ne comptent aujourd'hui qu'entre 20 et 30% d'élues féminines. Le député socialiste Baptiste Hunkeler est le premier signataire du postulat.
"Ca fait depuis quarante ans que les femmes ont le droit de vote", explique le député. "On peut arriver à une parité sans rien faire, mais ça arrivera dans cinquante, soixante ou septante ans." Il souligne aussi la volonté de "faire avancer les choses plus rapidement en cette année féministe".
La règle s'appliquerait lors des trois prochaines élections cantonales, donc pendant douze ans. Cette durée doit permettre de renouveler en profondeur le personnel politique et de faire entrer l'égalité dans les habitudes.
Avis défavorable de la commission de réforme des institutions
La commission législative a largement soutenu la proposition socialiste. Mais la commission de réforme des institutions était tellement partagée que son président a utilisé sa voix prépondérante pour donner un avis défavorable.
Car la droite n'aime pas les quotas, souvent vus comme nocifs dans la recherche des candidats les plus compétents. Mais selon Baptiste Hunkeler, ici cet argument ne s'applique pas: "Ce n'est pas tout à fait un quota, parce que le quota voudrait que des femmes non élues seraient repêchées, alors que là, on aurait deux élections, deux courses différentes et du coup, les femmes et les hommes auront exactement la même légitimité."
Le vote s'annonce serré en plénum. Le Grand Conseil neuchâtelois est le seul parlement cantonal à majorité de gauche en Suisse romande. Mais le changement devrait ensuite être validé en votation populaire.
Etienne Kocher/ebz