En vigueur depuis le 12 avril et révélée en avril par Arcinfo, cette interdiction doit durer au moins deux ans.
Situé à 5 kilomètres à peine du lac de Neuchâtel et du Lac de Bienne, mais à 800 mètres d'altitude, le village n'a qu'une seule source. Et avec la sécheresse persistante des dernières années, elle est à peine suffisante pour ses 270 habitants.
Dans ces conditions, l’exécutif communal renonce à autoriser la construction du nouveau quartier envisagé, qui devait permettre d'accueillir 140 habitants supplémentaires.
La commune a donc décidé de geler toute construction pendant deux ans, ce que permet la loi cantonale sur l’aménagement du territoire. L’exécutif utilisera ce temps pour étudier les possibilités d'amener l'eau d'ailleurs ou de réviser le plan d'aménagement.
Une situation toujours plus problématique
"On a des possibilités d'avoir, avec les communes avoisinantes, un apport d'eau complémentaire", explique le président de la commune d'Enges dans le 12h30. "Mais ces communes souffrent elles-mêmes du manque d'eau en raison des périodes de sécheresse que l'on observe entre le mois de juin et le mois de novembre ces dernières années", souligne Claude Gisiger. Et cet approvisionnement en eau devient vraiment problématique dans les zones jurassiennes, ajoute-t-il.
A côté d'Enges, Lignières ou le Plateau de Diesse souffrent ainsi également de leur sol très calcaire - typique du massif jurassien - qui ne retient quasiment pas l'eau de pluie.
De son côté, pour relancer son développement, Enges réfléchit à pomper l’eau 10 kilomètres plus loin, dans le lac de Neuchâtel. Mais ça va coûter cher. Un dilemme pour ce village aux finances fragiles.
Etienne Kocher/oang
Première en Suisse
Selon l'enquête de la RTS, Enges serait la première localité suisse à bloquer des constructions par manque d’eau potable. Mais, à l’avenir, ce problème risque bien de se poser ailleurs. Dans 40 ans, selon les projections climatiques la Suisse pourrait connaître, l’été, des sécheresses estivales à rallonge et 25% moins de pluie. Communes et canton vont devoir s’adapter.
Depuis un an, le gouvernement neuchâtelois s'inquiète de cette situation, comme l’explique au 19h30 le conseiller d’Etat, Laurent Favre. "Cette condition d’une bonne alimentation en eau potable devient de plus en plus importante. Il n’est pas exclu qu’ici où là dans le canton, par manque de sources d’eau ou de ressources, ou alors par des investissements financiers qui seraient trop importants, on renonce au développement urbain".
Dans beaucoup de communes romandes, comme Prez-vers-Noréaz (FR), pour éviter la pénurie d’eau et continuer à pouvoir se développer, on achète de l’eau au réseau voisin. Ces 15 dernières années, la localité fribourgeoise a vu sa population exploser (+30%) alors qu’elle est confrontée à de plus en plus de sécheresse. Mais comme l’explique à la RTS, le conseiller communal Pierre Bovet, "acheter de l’eau de secours au réseau voisin de la ville de Fribourg, ça coûte plus cher que notre propre eau." Des frais qui se répercutent sur les taxes des consommateurs.
Julien Guillaume
>> Voir le reportage du 19h30: