En collaboration avec l'Office fédéral de la santé publique, l'étude en cours dans le canton de Neuchâtel a pour but de comprendre si vendre des médicaments à la pièce est faisable dans le pays. Elle est réalisée sur une base volontaire des patients.
La démarche répond à une motion du conseiller national genevois Manuel Tornare et adoptée par le Parlement en 2017.
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En 2017, l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) estimait que près de 4700 tonnes de comprimés non-utilisés avaient été ramenés dans les pharmacies pour y être incinérés. Selon l'OFEV, c'est en fait près du tiers des médicaments totaux achetés chaque année en Suisse qui n'est pas consommé.
Pas sans conséquences
Or, ce gaspillage peut avoir comme conséquence un usage inapproprié et préjudiciable des médicaments. C'est ce qu'explique Sébastien Marti, secrétaire de l'Ordre neuchâtelois des pharmaciens:
"Certaines personnes n'allaient pas jusqu'au bout de la boîte. En fait, elles la gardaient dans leur armoire à pharmacie et puis réutilisaient des antibiotiques à d'autres fins, soit pour une maladie similaire ou qu'elles pensaient similaire ou éventuellement, pour la donner à quelqu'un d'autre (...) Et ce qu'il faut savoir, c'est que si on ne va pas jusqu'au bout du traitement d'antibiotiques, avec le bon antibiotique, on risque finalement de faire une sélection, de tuer les bactéries les plus faibles et de sélectionner les plus fortes et avoir ainsi au final une apparition progressive de résistance sur l'ensemble de la population".
Une consommation d'antibiotiques qui doit encore reculer
Une résistance qui s'observe d'ailleurs chez l'humain, mais aussi chez les animaux et dans l'environnement. La consommation d'antibiotiques par habitant reste toutefois deux fois plus faible en Suisse que la moyenne enregistrée dans l'Union européenne mais elle doit encore reculer.
La dispensation des médicaments à l'unité est déjà pratiquée dans d'autres pays. Pourtant, le changement de paradigme n'est pas anodin en Suisse et il comporte notamment des obstacles d'ordre juridique. Les résultats de cette étude seront publiés d'ici la fin de cette année.
Sujet radio: Deborah Sohlbank
Adaptation web: ther