Si le Service de l’enseignement obligatoire du canton de Neuchâtel et la Police cantonale neuchâteloise ont choisi cet endroit particulier, c'est parce que c'est celui où se réfugient la majorité des élèves harcelés.
Cette opération fait suite à la deuxième enquête sur la victimisation et la délinquance, commandée par le Service de l'enseignement obligatoire en 2017 et qui avait révélé une augmentation du harcèlement traditionnel: 8,4% des élèves en dernière année scolaire obligatoire affirmaient avoir été victimes de harcèlement traditionnel au cours des 12 derniers mois. L'augmentation était significative, puisque ce pourcentage n'était encore que de 5% lors de la première enquête en 2010. Face à ce constat, le canton a donc décidé d’agir.
Le service de prévention de la police mobilisé
La nouvelle campagne a été imaginée par le responsable de la prévention de la criminalité de la Police cantonale neuchâteloise. Chaque année, dans les différents cercles scolaires du canton, Daniel Favre sensibilise les jeunes aux dangers liés à la criminalité et au harcèlement - notamment sur internet. Après ses interventions dans les collèges, des élèves le contactent régulièrement pour témoigner leur vécu.
Ce sont ces témoignages qui lui ont donné l’idée de poser des affiches dans les toilettes. "Je recevais des lettres où ils disaient 'je vais trouver refuge dans les toilettes' et je me suis dit: c’est là qu’il faut aller les chercher, à l’endroit où ils vont chercher du secours", explique-t-il mardi dans le 19h30.
Pas de profil type de victimes du harcèlement
Les victimes de harcèlement n’ont pas de profil type. Les motifs de moquerie peuvent être occasionnés par la réussite scolaire comme par un handicap ou encore par l’origine. Pour Natacha, qui témoigne, le cauchemar a commencé parce qu’elle s’est liée d’amitié avec la fille la plus populaire de son collège. Son amie a fini par la mettre à l’écart et à se moquer de son apparence physique.
Près d'un quart des jeunes gardent le silence
A l'occasion de l’enregistrement de son témoignage, Natacha a dû parler de son vécu à ses parents. Mais jusque-là, elle avait gardé le silence, tout comme 22% des jeunes harcelés qui n’en parlent jamais à personne.
Léonard, lui, a réussi à en parler à sa famille, qui l’a soutenu. Son père est d’ailleurs intervenu de nombreuses fois, mais sans réussir à faire changer les choses. En raison de ses cheveux roux, Léonard a dû renoncer à de nombreuses activités sportives, car il était régulièrement la risée des autres jeunes. Ce harcèlement a duré durant ses dix ans de scolarité. Une fois, dans la cour de récréation, dix jeunes se sont mis ensemble pour le frapper. Une autre fois, une fille lui a craché dessus uniquement en raison de la couleur de ses cheveux.
Briser le silence
Souvent, le harceleur est un jeune complexé qui a besoin d’un public. La bonne attitude, pour les victimes, est de ne pas montrer son emprise et de briser le silence pour mettre un terme à ses agissements.
Miroslav Mares/oang