Des bus, des trams ou encore des trains à moitié vides: le coronavirus a radicalement changé les habitudes de la population helvétique en 2020. Touchées par un effondrement de la demande durant quelques semaines, les entreprises de transport paient les pots cassés du Covid-19.
Chute du taux de fréquentation
Pendant le semi-confinement, le taux de fréquentation des transports publics en Suisse romande représentait 15 à 30% de ce qu'il en était à la même période en 2019. Depuis la réouverture de plusieurs secteurs d’activité le 27 avril dernier, les Suisses se risquent à nouveau dans les transports en commun. Malgré ce regain d'intérêt, les chiffres restent bien inférieurs à ceux de l’exercice précédent. À l'heure actuelle, le taux de fréquentation au même stade en 2019 dépasse rarement les 70%.
En parallèle de cette baisse soudaine, et en dépit d'une offre souvent revue à la baisse, les charges pour les sociétés restent élevées en raison des normes à respecter pour pouvoir continuer à exercer.
Pour pallier ce lourd déficit, la Confédération a accordé un soutien de 800 millions de francs à répartir entre les 120 entreprises de transports publics du pays. Si cette somme est conséquente, elle ne permettra pas de couvrir l’ensemble des pertes. De ce fait, le Conseil fédéral a demandé aux sociétés de transports de puiser dans leurs propres réserves.
Bien que les infrastructures financées par les fonds ferroviaires de la Confédération soient garanties, les investissements informatiques ou encore les formations non prioritaires voient quant à eux leur avenir s'obscurcir.
Les TPG espèrent encore de l'aide
Pour les Transports publics genevois (TPG), comme pour les autres sociétés romandes, il est d’ores et déjà acquis que les recettes ne compenseront pas les pertes. Pour remédier à ce manque à gagner, des discussions sont menées avec l’État de Genève, mais également avec la Confédération. Des mesures à l’interne ont également été prises pour soulager les finances. Lors du semi-confinement, une partie du personnel avait été placée en chômage partiel et l’offre avait été passablement réduite.
Dans le canton de Vaud, Travys et l'UVTP essuient également des pertes conséquentes. Au 30 juin, Travys aurait déjà perdu entre 1,2 et 2 millions de francs. D'ici la fin de l'année, cette somme avoisinera les 2 millions. Pour l'UTVP, cela se chiffre à approximativement 2 millions de francs au 30 juin et les prévisions tablent à 3 millions de francs pour le trafic régional et urbain au 31 décembre.
Les réseaux neuchâtelois ont eux aussi connu un exercice difficile. TransN considère avoir perdu jusqu'à 1 million de francs par mois. D'ici fin 2020, les pertes devraient selon les estimations se situer entre 6,25 et 10 millions.
Même son de cloche pour le canton de Berne et les Transports publics biennois (TPB) et Berne-Lötschberg-Simplon(BLS). Le BLS afficherait déjà une perte de 40 millions uniquement pour ce qui est du trafic régional, tandis que les TPB prévoit un déficit de 5,7 millions de francs au 31 décembre par rapport à son budget.
Tout autant touchés, les Chemins de fer du Jura (CJ) redoutent les retombées. Leur directeur Frédéric Bolliger se montre notamment inquiet quant à une reprise plus lente que les autres cantons: "La grande crainte c'est que nous n'atteignions pas nos chiffres de 2019 avant longtemps. Notre région ne connaît pas les bouchons routiers ni la pénurie de places de parc. Il est donc plus difficile pour nous de faire revenir les voyageurs."
Pour les Transports publics fribourgeois (TPF), la perte annuelle de recette se situerait de l'ordre de 30 à 40% en 2020. Si des licenciements ne sont pas à l'ordre du jour, la situation préoccupe grandement l'entreprise fribourgeoise.
Sujet TV: Miroslav Mares
Adaptation web: Florian Charlet