Longtemps épargnée, l'Europe doit aujourd'hui faire face à la peste porcine africaine, une maladie ne représentant aucun risque pour l'être humain et qui touche essentiellement les sangliers et les porcs. Alors que l'Allemagne a récemment décidé de barricader ses frontières avec la Pologne afin d'empêcher les sangliers infectés d'entrer sur son territoire, les autorités helvétiques cherchent à alerter la population sur la propagation de ce virus.
"Le virus n'a encore jamais été détecté en Suisse. Actuellement, on met l'accent sur la détection précoce, sur la surveillance et sur l'information. Le conseil le plus important est de ne pas ramener des produits à base de porcs depuis les pays touchés. Il faut éviter à tout prix que les sangliers ou que des porcs domestiques rentrent en contact avec un bout de viande contaminé. C'est là où il existe un danger. La peste porcine africaine représente un risque réel pour la Suisse", détaille Lukas Perler, chef de la lutte contre les épizooties.
Apparu pour la première fois en Europe à la fin des années 1950, ce virus attaque les cellules du système immunitaire et cause des hémorragies mortelles pour les porcins. Les animaux malades présentent comme symptômes de la fièvre, des vomissements, des diarrhées ou encore de la toux et des difficultés à respirer.
Chez un animal malade, le virus est présent dans l'urine, le sang, la salive, les excréments ou encore la musculature et les organes. Il persiste longtemps tant dans la viande que dans la carcasse de la bête ou dans l’environnement. De ce fait, la contamination est facilitée et surtout compliquée à éradiquer.
Alors qu'elle sévit principalement dans son continent d'origine, la peste porcine africaine est épidémique en Europe de l’Est et en Asie depuis plus de dix ans. Récemment, des cas de sangliers ont été détectés en Belgique.
À l'heure actuelle, il n'existe aucun traitement efficace pour lutter contre la peste porcine africaine. Un cas positif dans un élevage de cochons pourrait avoir des conséquences désastreuses comme l'explique Lukas Perler: "Aujourd'hui, le seul instrument efficace pour freiner la propagation est l'exécution d'un animal infecté. Un virus qui apparaîtrait dans une exploitation porcine pourrait signifier la mise à mort du cheptel."
Quand dix porcs sont infectés par la peste porcine africaine, neuf d'entre eux vont mourir
Pour faire face à ce problème, de nombreux pays travaillent sur l'élaboration d'un vaccin. "Par rapport à la recherche, il y a plusieurs consortiums internationaux qui sont notamment supportés par la communauté européenne. Par contre, c'est un virus très particulier. Il ne faut pas penser qu'un remède sera disponible d'ici peu", concède Lukas Perler.
En Suisse, les structures d'exploitations agricoles dénombrent pas moins de 1'359'684 porcs en 2019. Une potentielle épizootie pourrait avoir de lourdes conséquences sur le marché tant pour les producteurs que pour les consommateurs.
Reportage TV: Julien Guillaume
Adaptation Web: Florian Charlet