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Les lieux de mémoire du Covid-19 voulus par Neuchâtel ne font pas l'unanimité

Le mémorial pour les victimes du coronavirus ne fait pas l’unanimité à Neuchâtel (vidéo)
Le mémorial pour les victimes du coronavirus ne fait pas l’unanimité à Neuchâtel (vidéo) / Forum / 6 min. / le 22 juillet 2020
Le Conseil d'Etat neuchâtelois a proposé aux communes du canton de créer des lieux de mémoire sous formes d'arbres ou de bancs, par exemple. Objectif: créer des espaces de recueillement pour se souvenir de la crise du coronavirus et des personnes touchées.

"Mémoire", un mot qui rime généralement avec Histoire. La démarche peut donc surprendre, notamment parce que le virus est toujours là.

Comme l'a révélé Arcinfo mercredi matin, tout a commencé le 29 avril dernier par une lettre du Conseil d'Etat adressée aux 31 communes du canton. L'exécutif propose d'avancer rapidement et a même déjà pris ses dispositions pour commander une oeuvre sonore et littéraire à deux artistes du cru.

Les communes pourront diffuser la création dans les lieux de recueillement qu'elles choisiront. Le tout devrait être disponible dès le mois d'août ou septembre, "au moment que nous imaginons correspondre au sortir de la crise", écrit le Conseil d'Etat.

Plus rapide que la musique

Les réactions à cette proposition ont plutôt été mitigées. C'est le sentiment d'aller plus vite que la musique qui a dominé dans les réactions. "Nous ne savons pas comment va évoluer le virus, nous n'imaginons pas participer à cette initiative avant 2021", indique par exemple Violaine Blétry-de Montmollin, en charge de la gestion du Covid-19 pour la ville de Neuchâtel.

"Nous ne voulons pas d'un mémorial, d'un monument aux morts, mais plutôt un lieu de vie, de rencontres", continue la conseillère communale, qui souhaite surtout qu'on se souvienne de l'élan de solidarité qui a marqué la crise sanitaire.

Inopportun pour le haut

L'Association des communes des montagnes neuchâteloises a pris position de manière encore plus critique en se demandant s'il était bien opportun et justifié d'honorer les victimes du coronavirus et pas d'autres? La population n'y verrait-elle pas une récupération politique?

Ces questions restent en suspens. Pour l'heure, aucune commune n'a encore pris de décision formelle quant à cette proposition. A La Chaux-de-Fonds, l'édile Théo Huguenin-Elie dit, à titre personnel, pouvoir entrer en matière si l'on s'en tient à la promotion d'une oeuvre d'art, mais il estime que le Conseil d'Etat doit abandonner son concept de lieu de mémoire.

"Pas à attendre que la crise soit oubliée"

Interrogé mercredi soir dans Forum, le conseiller d'Etat socialiste Laurent Kurth estime que ni l'élan de solidarité, ni la souffrance vécue par chacun, n'ont à attendre d'être oubliés pour marquer de la reconnaissance.

Le 1er juillet dernier, le canton a attiré la moitié des communes neuchâteloises lors d'une séance d'information. "Nous nous sommes posés la question de savoir s'il fallait maintenir ce projet. Nous en sommes arrivés à la conclusion que le moment opportun pourrait être choisi par les communes entre la fin de l'été et peut-être l'année prochaine pour celles qui voudraient attendre encore un peu", explique Laurent Kurth, et de rappeler que la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga avait déjà planté un arbre vers BernExpo au début de la dernière session parlementaire.

>> Voir aussi le sujet du 19h30 :

NE: le conseil d'État veut créer des espaces de recueillement en mémoire des personnes touchées par le COVID-19
NE: le conseil d'État veut créer des espaces de recueillement en mémoire des personnes touchées par le COVID-19 / 19h30 / 2 min. / le 22 juillet 2020

"Une initiative extrêmement passionnante"

Pour Grégoire Mayor, co-directeur du Musée d'ethnographie de Neuchâtel, cette initiative est surprenante mais intéressante.

"Elle est surprenante, mais extrêmement passionnante à étudier pour les ethnologues parce qu'on est en train de voir comment nait et comment se négocie toute une politique autour d'un rituel de passage, de commémoration, qui permettrait de calmer tout ce qu'on a vécu", relève-t-il jeudi dans La Matinale. "Et aussi, pour les gens qui ont perdu des proches, de pouvoir l'exprimer d'une manière collective. C'est ça qui est assez intéressant et inédit dans cette démarche".

>> L'interview de Grégoire Mayor dans La Matinale :

L’ethnologue Grégoire Mayor réagit à la construction d’un mémorial pour les victimes du coronavirus  (vidéo)
L’ethnologue Grégoire Mayor réagit à la construction d’un mémorial pour les victimes du coronavirus (vidéo) / La Matinale / 7 min. / le 23 juillet 2020

Ludovic Rocchi

Adaptation web: Jérémie Favre

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Une oeuvre sonore et littéraire

Deux artistes neuchâtelois ont été mandatés pour réaliser une oeuvre particulière: une bande sonore sous forme de discussion de balcon, pour ne pas oublier la crise.

"L'esprit, c'est de saisir et évoquer un moment exceptionnel qu'ont vécu tous les habitants du canton par les mots et par les sons", explique l'écrivain Jean-Bernard Vuillème dans le 19h30.