"C'est une chance unique d'avoir trois épaves, représentant 2000 ans d'histoire, sur quelques kilomètres", a déclaré vendredi au Laténium à Hauterive (NE) Julien Pfyffer, fondateur et président d'Octopus. La fondation lausannoise, qui travaille d'habitude sur des projets en mer, a choisi de sélectionner le projet notamment pour cela.
Les trois épaves sont un chaland gallo-romain (IIᵉ siècle après J.-C.), un bateau-balise du XVIᵉ siècle, qui donnait l'endroit de l'embouchure du canal de La Thielle, et une embarcation marchande du XVIIIᵉ siècle, qui avait fait naufrage avec sa cargaison de plusieurs tonnes de blocs calcaires.
Le premier transportait vingt tonnes de blocs de calcaire des carrières du Jura jusqu'au lac de Morat (FR), et même jusqu'à Avenches grâce à un canal construit par les Romains. "De nombreux bateaux circulaient sur le lac car on a calculé qu'il devait y avoir cinq transports par jour pendant dix ans, rien que pour construire l'enceinte d'Avenches", a expliqué Fabien Langenegger, archéologue.
Repéré par un ballon dirigeable
Comme les épaves sont particulièrement exposées aux dégradations dues à l'érosion et à la navigation qui s'intensifie dans cette zone du lac, l'opération visait aussi à réaliser une documentation systématique et exhaustive des vestiges immergés et à les sauvegarder.
Un ballon dirigeable a été utilisé pour détecter les épaves et de nombreuses plongées ont eu lieu. Environ 500 photos ont été faites sous l'eau, mais des mesures ont aussi été prises en milieu aquatique. Des modèles 3D ont permis d'avoir une vue d'ensemble des vestiges.
Une fois l'opération terminée, les épaves ont été réensablées. "Le meilleur moyen de les conserver est de les garder sous l'eau. On a eu la chance de pouvoir les réensabler dans le même état, qu'avant les fouilles. C'était très émouvant de les voir à nouveau disparaître", a ajouté Fabien Langenegger.
lan avec ats