La rivière du Ruz Chasseran était sortie de son lit ce vendredi soir-là, emportant tout sur son passage - route, voitures, arbres. Trois personnes avaient également été blessées et les habitants étaient sous le choc.
Mais un large élan de solidarité s'était manifesté et la radio neuchâteloise RTN avait récolté 116'000 francs après un appel aux dons en collaboration avec la Chaîne du Bonheur. Celle-ci avait même annoncé pouvoir débloquer 500'000 francs supplémentaires en cas de besoin.
"On est toujours dans l'attente"
Pourtant, un an et demi après, la majorité des sinistrés n'en ont toujours pas vu la couleur. "On n'a pas reçu. On a ouï dire que des fonds avaient été versés pour ça", dit l'un d'entre eux rencontré pour l'émission Quinze Minutes. "Une année et demie après, on est toujours dans l'attente, on ne sait pas", dit un autre.
Renseignements pris auprès de la Chaîne du Bonheur, ces dons ont atterri sur un compte spécifique pour l'aide en cas de catastrophe naturelle en Suisse. "C'est un fonds qui a été créé avec des soldes de grosses catastrophes naturelles (...) On peut en tout temps avoir ce fonds à disposition pour intervenir", explique la responsable de l'aide en Suisse pour la Chaîne du Bonheur.
Et une ligne budgétaire spéciale Val-de-Ruz est inscrite sur ce compte, mais tout est en attente car l'organisme n'intervient qu'au bout de la chaîne, quand les assurances et autres aides ont été activées. "A ce jour, on a pu intervenir pour trois demandes, cela représente 3000 francs", précise Fabienne Vermeulen.
Hauts revenus exclus de l'aide
C'est la Croix Rouge Suisse, acteur de terrain, qui analyse ces demandes avant de les envoyer à la Chaîne du Bonheur. Et une condition est obligatoire pour bénéficier d'un don: avoir un revenu annuel imposable inférieur à 80'000 francs par ménage.
"Cela exclut à juste titre une partie de la population qui a la possibilité de bien s'assurer contre les sinistres, qui a la possibilité d'épargner", explique Wim Nellestein, chargé du dossier. La Chaîne du Bonheur se concentre surtout sur les cas de rigueur".
Jusqu'à aujourd'hui, la Croix Rouge Suisse a reçu 26 demandes, elle en a envoyé trois, refusé 12 et 11 sont encore en traitement.
Le reste des demandes se trouve encore un échelon plus bas, à la commune de Val-de-Ruz. C'est elle, via une commission, qui regroupe toutes les demandes des citoyens, qui les analyse et les envoie plus loin. En mars dernier, à la fin de la date butoir, près de 200 demandes étaient sur la table. La commune espère que tout sera bouclé à fin 2021.
Coraline Pauchard/oang