"Un véritable système punitif" a été mis en place, au-delà de tout ce qu’on peut imaginer, a indiqué "Droit de rester Neuchâtel" dans une lettre publiée vendredi. L'association dénonce "des abus de pouvoir" de certains agents de sécurité de l’entreprise Protectas, qui auraient fait preuve de "mépris et de comportements racistes" et auraient créé un climat de peur.
Les agents auraient effectué "des visites impromptues dans les chambres, sans frapper ni dire bonjour", auraient "une gestion catastrophique des conflits, sans souci de calmer le jeu, ni d’écouter". Ils auraient utilisé abusivement du spray au poivre, des plaquages au sol et prononcé des insultes homophobes. Certaines personnes migrantes auraient même été enfermées pendant des heures dans des conteneurs insalubres et sous-chauffés. L'une d'entre elles se serait récemment retrouvée en état d’hypothermie et aurait dû être hospitalisée.
Pour Denise Graf, juriste et militante co-signataire de la lettre adressée au SEM, cette situation doit immédiatement prendre fin. Invitée dans Forum, elle souligne que le système actuel n'est pas adapté à la situation de certaines personnes migrantes qui arrivent en Suisse avec des traumatismes graves. "Ces personnes sans repères, souvent des jeunes, plongent alors dans des addictions", déplore-t-elle. "Et ce n'est pas à une société de sécurité privée très mal formée de répondre à ces personnes, mais à des professionnels qui ont des compétences pour s'occuper d'eux."
Plusieurs tentatives de suicide
Selon "Droit de rester", les réfugiés ont peur de porter plainte par crainte des conséquences pour leur procédure d’asile ou par crainte de recroiser les mêmes agents de sécurité. Pour échapper à ces mauvais traitements, beaucoup quitteraient la procédure d’asile en cours de route.
L'association parle de plusieurs tentatives de suicide et d'une personne qui est finalement décédée. "Alors que cette dernière avait besoin d’aide, à plusieurs reprises, le personnel de sécurité de Protectas lui a refusé l’accès au Centre, du fait de son état d’ivresse", a expliqué l'association.
Une enquête indépendante demandée
"Droit de rester" demande "que des mesures concrètes soient prises pour mettre fin à ce système défaillant, qui transforme les CFA en prisons. Il n’est pas normal que le budget alloué à l’encadrement sécuritaire par le SEM soit plus important que celui consacré à l’encadrement social et sanitaire dans les CFA".
Pour l'heure, le SEM réfute ces accusations, assurant qu'il n'y a selon lui aucune preuve de mauvaise conduite de la part du personnel dans les centres fédéraux d'asile. Mais afin de faire toute la lumière sur le problème, Denise Graf assure que l'association "Droit de rester" va prochainement ordonner une enquête indépendante. "Afin que nous puissions faire part des nombreux témoignages et preuves que nous avons", a-t-elle indiqué au micro de Forum.
L'association demande aussi l’introduction d’un organe de médiation indépendant de gestion des plaintes vers qui les requérants lésés pourraient se tourner. Elle exige également la fermeture du Centre spécifique des Verrières (NE), restreignant la liberté de mouvement de ses occupants de par son emplacement même et conçu comme un centre punitif.
ats/fgn