Fin juin, les images et les témoignages venus de Cressier effaraient la Suisse entière. En raison des intempéries, le ruisseau du Ruhaut, sorti de son lit, défigurait ce village neuchâtelois de 1900 âmes, détruisant tout sur son passage.
Plus d'un mois après, Cressier se reconstruit gentiment. Et si ses habitants gardent le moral, ils doivent également s'armer de patience. Ventilateurs et déshumidificateurs fonctionnent à plein régime dans les caves, car il est impératif de pomper l'humidité avant les reconstructions. Les premières décisions sont attendues quant aux travaux de rénovation, mais également de transformation du ruisseau.
"On va vers la sécurité"
Pour l'heure, à la source du Ruhaut, à l'orée de la forêt en haut du village, les bassins de rétention construits par l'armée venue en renfort en juin font bien leur travail. Et le trajet jusqu'à cette source, le conseiller communal Michel Froidevaux le connaît par coeur. Il l'a refait plusieurs fois depuis le 22 juin. "Par fortes pluies, on va voir comment se comportent les ruisseaux", explique-t-il.
"C'est déjà pour s'apaiser soi-même, être un peu plus serein. Et puis pour éviter qu'un bouchon ne se forme et que l'eau descende à nouveau à travers le village. Mais avec les travaux qui ont été faits jusqu'ici, on est bien sereins. Ces deux bassins font vraiment bien leur office, et il y aura d'autres travaux. On va vers la sécurité", se réjouit-il.
Au total, les dommages liés aux intempéries qui ont touché globalement le canton de Neuchâtel pendant une dizaine de jours à la fin juin ont été évalués entre 25 et 30 millions de francs.
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Déborah Sohlbank/jop
Émotions fortes
La catastrophe du 22 juin dernier est encore bien présente dans la mémoire des sinistrées et des sinistrés. "On a l'impression que le temps s'arrête, on ne comprend pas bien ce qui est en train de se passer. Les deux premières semaines, vous pleurez H-24", a témoigné une habitante de Cressier dans le reportage de La Matinale de la RTS mardi.
Et si les dégâts matériels sont importants, le plus difficile pour tout le monde est surtout le fait de voir emportés dans les eaux boueuses les souvenirs et leurs symboles, estime-t-elle.
"Je ne trouvais plus la plaque de la voiture de mon grand-père, avec laquelle j'ai appris à conduire et qui était quelque chose de très fort pour moi. Deux semaines après, je l'ai retrouvée dans la boue, et ça a été un moment d'une émotion immense", raconte-t-elle, encore émue.