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Quatre personnes prises en otage dans une entreprise du Locle, les malfrats arrêtés à Pontarlier

Le Locle dans le canton de Neuchâtel. [KEYSTONE/Gaetan Bally]
Quatre personnes ont été prises en otage dans une entreprise du Locle (NE) / Le 12h30 / 1 min. / le 7 janvier 2022
Les deux auteurs présumés de la prise d'otage survenue jeudi dans une entreprise de sous-traitance horlogère au Locle (NE) ont été arrêtés à Pontarlier, en France voisine, après une fusillade avec la police. Selon le procureur de Besançon, il s'agit de "malfaiteurs de très haut vol", dont l'un venait de purger une peine de 25 ans de prison.

Après le séquestre de quatre otages au sein de la société locloise de polissage Calçada, les deux suspects ont pris la fuite vers la France voisine à bord d'une voiture volée. Ils ont ensuite été repérés par la police française, prévenue par les autorités suisses après la survenue des faits, police qui les a poursuivis.

La "brève" course-poursuite s'est terminée dans une impasse à Pontarlier, ville proche de la frontière et sise à 40 kilomètres du Locle. Les malfrats ont alors foncé sur le véhicule des policiers, qui ont ouvert le feu "plusieurs dizaines de fois", sans faire de blessés, a indiqué à l'AFP une source policière (lire encadré).

D'abord à domicile

Les deux malfaiteurs ont "exhibé" une arme, mais ils n'ont "a priori" pas tiré, a ajouté la même source, revenant sur une information du quotidien français l'Est républicain. L'enquête a été confiée à la Police judiciaire de Besançon, la préfecture du Doubs, et le véhicule perquisitionné.

D'après le communiqué de la police neuchâteloise publié vendredi, les faits se sont déroulés jeudi à partir de 17h30 environ, heure à laquelle un employé de l'entreprise de sous-traitance horlogère a été pris en otage par deux individus armés d’un pistolet, avec sa compagne à son domicile chaux-de-fonnier.

Métaux précieux

Sous la menace, l’otage et sa compagne ont été contraints de se déplacer jusqu'à l’usine située dans le quartier de la Jaluse au Locle, à une petite dizaine de kilomètres de La Chaux-de-Fonds. Sur place, deux employés qui terminaient des travaux journaliers ont également été pris en otage, a expliqué la Police neuchâteloise.

Toujours sous la menace, les auteurs se sont fait ouvrir plusieurs coffres de l’entreprise qui contenait des métaux précieux. Une alarme silencieuse s’est toutefois déclenchée, avisant du coup la société chargée de la sécurité du site. Transmise à la Police neuchâteloise, l'alerte a déclenché une opération d'envergure.

Pas de butin emporté

L’arrivée d’un premier agent de sécurité, vraisemblablement signalé aux auteurs par des complices à l'extérieur, a eu pour effet de faire fuir ceux qui se trouvaient à l’intérieur du bâtiment. En conséquence, le butin n’a pas pu être emporté, a relevé la police neuchâteloise.

Quelques minutes plus tard, les auteurs dérobaient un véhicule qui se trouvait à proximité de l'entreprise en usant de violence physique sur sa conductrice. L'acte de "carjacking" accompli, ils ont pris la fuite à bord de la voiture. Celle-ci a ensuite été repérée à Pontarlier à 19h10.

Il n'y a aucun blessé à déplorer parmi les otages. Les quatre victimes ainsi que la conductrice du véhicule dérobé ont été choquées et encadrées par une unité spécialisée. Un dispositif policier "très important" a été déployé. Le périmètre a été bouclé momentanément pour permettre le bon déroulement de l'opération.

ats/gma

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Des "malfaiteurs de très haut vol"

Le procureur de Besançon Etienne Manteaux a donné vendredi soir des détails sur l'interpellation des deux Français suspectés d'être liés à la prise d'otage dans l'entreprise d'horlogerie jeudi soir au Locle. "La BMW volée a percuté avec grande force le véhicule des policiers, qui a reculé de 10 mètres", a-t-il expliqué.

Un policier "a sorti son fusil mitrailleur et a vidé les 30 munitions de son chargeur exclusivement sur le bloc moteur pour stopper le véhicule", ainsi que quatre munitions dans la vitre arrière de la voiture avec une arme de poing pour enfin réussir à stopper et interpeller ces suspects "cagoulés et armés" sans les blesser, selon le magistrat. "Ce policier a fait preuve d'un sang froid exceptionnel", alors que l'un des malfaiteurs a dirigé une arme de poing dans sa direction, sans l'utiliser, a-t-il souligné.

>> Ecouter son témoignage :

La cour du Palais de Justice de Besançon. [AFP - Philippe Roy / Aurimages]AFP - Philippe Roy / Aurimages
Le procureur de Besançon revient sur l'arrestation des preneurs d'otages du Locle / Le Journal horaire / 1 min. / le 8 janvier 2022

Agés de 35 et 46 ans, ces "malfaiteurs de très haut vol" ont chacun une dizaine de condamnations à leur actif, notamment pour des faits de violence et d'évasion, a relevé le procureur. Le plus âgé était sorti de prison en 2020 après une condamnation, dans la Loire, à 25 ans de réclusion criminelle, dont deux-tiers de sûreté.

L'Arc jurassien, une région qui a "tout pour attirer les malfrats"

Les braquages avec prise d'otage ne sont pas rare dans l'Arc jurassien. Travaillant avec les métaux précieux, l'horlogerie en est souvent la victime. Ainsi, en novembre dernier, six malfrats avaient pris en otage un directeur d'entreprise et l'ensemble de sa famille à Bassecourt (JU), avant de voler des quantités d'or stockées dans les locaux.

Les auteurs s'étaient enfuis avec leurs otages en direction de la France voisine déjà, en forçant un barrage installé à la frontière à Lucelle. Le directeur et sa famille avaient ensuite été abandonnés, tout comme son véhicule, dans une forêt proche de Bourrignon. Les malfrats ont quant à eux échappé à la police.

>> Lire à ce sujet : Prise d'otage d'un chef d'entreprise et de sa famille dans le Jura

En janvier 2018, une famille avait été prise en otage à La Chaux-de-Fonds. Leurs six ravisseurs avaient obligé le père, directeur de l'entreprise Cendror, à leur remettre une quantité d'or avant d'abandonner la famille dans les côtes de Biaufond (NE) et de prendre la fuite en direction de la France, une fois encore

André Duvillard: "Le risque zéro n'existe pas"

"Ici, c'est un phénomène que nous connaissons bien", a déploré vendredi au micro de l'émission Forum André Duvillard, délégué au Réseau national de sécurité. Région plutôt rurale située à proximité de la France et comptant de nombreuses entreprises horlogères, l'Arc jurassien a tout, en effet, pour attirer les malfrats, selon l'ancien commandant de la Police du canton de Neuchâtel. "Mais il faut aussi mettre en exergue les améliorations apportées ces dernières années dans la collaboration transfrontalière et avec les entreprises concernées", qui, selon André Duvillard, ont très certainement permis l'arrestation des auteurs du dernier brigandage en date. "Ce qui est un succès." Malgré tout, "le risque zéro n'existe pas", ajoute-t-il.

S'agissant du sixième braquage avec prise d’otages dans l’Arc jurassien depuis dix ans, il en est persuadé: derrière ces méfaits se cachent différentes bandes issues du grand banditisme français. "A chaque fois, on tombe sur ce grand banditisme français qui essaie de profiter de la proximité de la frontière relativement rurale, donc facile à traverser."

>> L'interview complète d'André Duvillard au micro de Forum :

Quatre personnes prises en otage pour l’or d’une entreprise du Locle (vidéo)
Quatre personnes prises en otage pour l’or d’une entreprise du Locle (vidéo) / Forum / 4 min. / le 7 janvier 2022