Les femmes de la fonction publique neuchâteloise, qui bénéficient d’un congé maternité de quatre mois, soit 17,4 semaines, ne verront plus la durée de leur congé réduite jusqu'à 24 jours en raison d'un congé maladie en fin de grossesse. Tous les groupes politiques ont reconnu le problème de cette inégalité de traitement entre mères.
Le projet de loi a été accepté par 55 oui et 39 non. Pour le conseiller d'Etat Alain Ribaux, la pandémie oblige à se "serrer les coudes" et une "amélioration n'est donc pas trop de saison", même si le Conseil d'Etat ne s'est finalement pas opposé au projet de loi. Si le personnel de l'Etat ne peut être considéré comme privilégié, leur employeur "n'a pas à rougir des prestations sociales offertes", a-t-il ajouté.
Selon le conseiller d'Etat, la durée des absences en fin de grossesse pourrait augmenter avec cette modification. En 2018-2020, un tiers des femmes enceintes de la fonction publique a travaillé jusqu'à leur terme. Pour tenir compte de l'amélioration proposée, Alain Ribaux aurait été en faveur d'une pondération et d'un congé de 16,5 ou de 17 semaines qui commence au moment de l'accouchement.
Comparaisons avec le privé
Dans le cadre de cette modification législative, le PLR a déposé un amendement proposant de faire démarrer le congé à l'accouchement mais de le réduire à 16 semaines (3,7 mois) et l'UDC un autre amendement pour le faire passer à 14 semaines. Ces derniers n'ont pas trouvé la faveur de l'hémicycle. Le groupe Vert'libéral-Le Centre a fait la différence et l'amendement PLR a été rejeté par 56 voix, 35 oui et 3 abstentions.
"Il y a une très forte inégalité avec le secteur privé. Dans le canton, 85% des entreprises sont des PME qui offrent 14 semaines de congé maternité", a expliqué la PLR Béatrice Haeny. La députée a ajouté que le congé paternité à l'Etat est déjà plus long avec 20 jours que dans le privé, ce qui renforce encore l'inégalité entre secteur public et privé.
L'UDC est allée dans le même sens et a estimé qu'"il faut réduire l'écart entre l'Etat et le peuple et corriger les inégalités avec le privé", a déclaré Niels Rosselet-Christ. Un congé de 14 semaines serait conforme au minimum prévu par la loi fédérale, même plus généreux puisqu'il serait payé à 100%, contre 80% dans la loi fédérale, a-t-il ajouté.
Manifestation de 200 personnes
Pour la Vert'libérale Sarah Pearson Perret, la réduction des prestations serait "un signal désastreux" et écornerait l'image du canton. "Avec quatre mois de congé, Neuchâtel est dans la norme des autres cantons et des grandes entreprises. On ne peut pas comparer l'Etat à une PME", a-t-elle ajouté.
Pour la Verte Clarence Chollet, "l'Etat a un devoir d'exemplarité". De plus, si l'on compare le congé maternité de la fonction publique avec les plus gros employeurs privés du canton, on constate que la durée offerte par l'Etat est en dessous de la moyenne qui est de 17,9 semaines. Le congé maternité est par exemple de 22 semaines chez Philip Morris et de 18 semaines chez Migros, Coop, Aldi et Lidl.
Près de 200 personnes avaient manifesté avant la session à l'appel des syndicats, de la gauche et de mouvements féministes. En Suisse, malgré des congés "nettement moins généreux que dans les pays voisins, la tendance est à l'allongement de ces derniers", ont répété les orateurs.
ats/ther