Le travail du délégué à la domiciliation à Neuchâtel porte ses premiers fruits: la population est en hausse
Chaque année, le canton de Neuchâtel perd des habitants. "Perdait", plutôt, puisque cette année, pour la première fois depuis 2016, le canton a pu communiquer une croissance de 210 personnes. Ce chiffre peut paraître dérisoire, mais il s'agit peut-être des premiers résultats du travail effectué par le délégué à la domiciliation, engagé par le canton en 2019.
Le poste de délégué à la domiciliation est assez particulier, unique même, puisqu'il n'existe pas d'équivalent en Suisse, même si le Tessin envisagerait de créer une fonction similaire.
Le délégué neuchâtelois, Roland Nötzel, a été engagé il y a bientôt trois ans pour "stopper l'hémorragie", soit empêcher le canton de perdre encore des habitants.
Environ 15'000 départs depuis l'an 2000
Car depuis l'an 2000, environ 15'000 personnes ont quitté le sol neuchâtelois, principalement pour se rendre dans la zone dite de "la couronne neuchâteloise". Tout près, mais quand même dans un canton voisin: Vaud, Berne ou encore Fribourg. Et si pendant des années ces départs vers d'autres cantons ont été compensés par des arrivées notamment des pays voisins, cela n'avait plus été le cas depuis 2016.
Faciliter la vie des nouveaux arrivants
Mais concrètement, comment attirer de nouveaux habitants? La question de l'emploi est fondamentale, puisqu'il s'agit de la principale cause de domiciliation. Or, trop d'entreprises dans le canton ont des employés vivant hors du canton. Il faut donc sensibiliser ces entreprises, leur faire comprendre qu'elles y gagnent à avoir des employés vivant proches de leur site.
Le délégué à la domiciliation a donc lancé un projet-pilote dans lequel un travail d'accompagnement est fait pour aider les nouveaux employés et employées à s'installer dans le canton. On les prend véritablement par la main en leur cherchant un appartement, en les aidant à ouvrir un compte à la Banque cantonale neuchâteloise et même en aidant leurs partenaires à trouver un travail.
Changer l'image du canton
Au-delà de ces questions pratiques, un aspect psychologique est également en jeu. Il faut changer l'image du canton, sortir d'une spirale négative. Cette image doit évoluer à l'extérieur du territoire, mais aussi à l'intérieur.
C'est-à-dire qu'il faut que les Neuchâteloises et Neuchâtelois aiment leur canton, qu'ils s'y plaisent. Violaine Blétry-de-Montmollin, conseillère communale en charge du département de l'Economie à Neuchâtel, constate une évolution: "Le Neuchâtelois arrête de s'excuser".
La région a des atouts, qu'il faut mettre en avant, revendiquer même. Mais "l'attractivité d'un territoire ne se décrète pas, elle se crée", estime son homologue chaux-de-fonnier Jean-Daniel Jeanneret.
Encore des défis
Le canton doit encore faire face à des défis. Faute d'une bonne école internationale, la Ville de Neuchâtel a vu plusieurs cadres lui passer sous le nez. Autre problème: trop d'appartements sont à louer alors que beaucoup de couples ou de familles souhaitent acheter. De son côté, La Chaux-de-Fonds travaille à requalifier ses espaces publics.
Les villes ont d'ailleurs des publics cibles différents: on cherche des familles, et quelques grosses fortunes dans le bas. Dans le haut, on ne dit pas non aux grosses fortunes non plus, mais on veut séduire les travailleurs frontaliers et les convaincre que vivre de ce côté de la frontière peut aussi être très, voire plus, avantageux.
Deborah Sohlbank/vajo