"Les mesures prévues sont ambitieuses, mais proportionnées pour obtenir une large majorité", a déclaré Laurent Favre, conseiller d'Etat. Selon lui, le refus de la loi fédérale CO2 en juin 2021 a montré la nécessité de faire des propositions qui soient acceptées.
Le canton veut "donner une impulsion forte et immédiate à l'action climatique dans le canton, dans les domaines de l'énergie, du bâtiment, de la mobilité, de l'industrie, de l'agriculture, de la sylviculture et de l'aménagement du territoire", a expliqué Laurent Favre.
Les mesures prévues sont ambitieuses, mais proportionnées pour obtenir une large majorité
Quand on sait que le secteur énergie représente les 80% à 85% des émissions de CO2, il est important de prévoir des mesures dans ce domaine, a ajouté le conseiller d'Etat. Par rapport à l'an 2000, la consommation d'énergie finale devrait reculer de 50% d'ici à 2050 et même de 60% par habitant.
Hausse de 500% des énergies renouvelables
La production d'énergies renouvelables devrait augmenter de 500%. Cela va dépendre aussi "de la réalisation du potentiel éolien", a expliqué le chef du Département du développement territorial et de l'environnement.
Les 52 nouvelles mesures, réparties sur deux volets, sont au nombre de 27 dans le domaine de la réduction des gaz à effet de serre et de 20 dans le domaine de l’adaptation aux changements climatiques. Cinq mesures sont transversales aux deux volets de la stratégie cantonale.
L'avant-projet sur le plan climat, mis en consultation au printemps 2021, avait suscité 65 prises de position avec 66% d'avis favorables, a expliqué Ana Gonseth, coordinatrice cantonale du développement durable. La consultation avait rencontré 20% de positions mitigées, notamment dans la réduction des gaz à effet de serre, et 14% de positions défavorables.
Trois nouvelles mesures
Les Verts, le POP et la Grève du climat avaient estimé que l'avant-projet du plan était largement "insuffisant" et que la neutralité carbone devrait être atteinte en 2030. Ils déploraient l'absence de mesures contraignantes et le principe de compensation extraterritoriale.
A l'issue de la consultation, le canton propose trois nouvelles mesures. Il veut exploiter le potentiel de captation du CO2 dans les sols agricoles et le potentiel solaire sur les grands toits et valoriser la mobilisation des jeunes. La gouvernance prévue est renforcée avec la création d'un Conseil consultatif pour le climat et d'un poste de délégué au développement durable et climat.
Vote d'ici l'été
Le coût total du plan se monte à près de 55 millions de francs pour 2022 à 2027, dont 33 millions ont déjà fait l’objet d'une décision de financement. Un crédit d'engagement complémentaire de 22,1 millions de francs est dès lors nécessaire.
Le financement devrait être assuré par la réserve relative aux investissements futurs en faveur du développement durable, mais le crédit n'est pas conditionné à cette réserve
"Le financement devrait être assuré par la réserve relative aux investissements futurs en faveur du développement durable, mais le crédit n'est pas conditionné à cette réserve", a ajouté le conseiller d'Etat. Les bénéfices extraordinaires de la BNS versés au canton seront théorisés pour alimenter cette réserve.
Le crédit d'engagement devra être voté d'ici à l'été par le Grand Conseil. Une majorité de trois cinquièmes des députés sera nécessaire pour qu'il soit approuvé.
ats/vajo
Critiques de la gauche neuchâteloise
Les Verts et le Parti socialiste (PSN) ont déjà réagi en disant que le plan climat n'est pas assez ambitieux. Pour le parti écologiste, le financement est "anémique".
Le crédit de 22,1 millions de francs, dont seulement 10 millions sont destinés à réduire les gaz à effet de serre, est "dérisoire pour protéger le climat et conduire le canton vers la neutralité carbone".
Le PSN déplore que les enjeux sociaux de la transition ne soient presque pas abordés. Le parti aurait voulu que le plan prévoie de rendre les transports publics accessibles à tous, qu'il favorise les reconversions professionnelles et qu'il mette en place "une fiscalité écologique audacieuse, innovante et socialement juste".