L'enlèvement d'une femme ravive la problématique de l'efficacité des mesures d'éloignement
La police neuchâteloise qui avait engagé d'importants moyens a retrouvé ce couple grièvement blessé après la sortie de route de leur voiture. Le véhicule précipité dans le vide a été découvert vers 08h50 à une centaine de mètres en contrebas du point de vue des Roches-de-Moron (NE), près de la frontière française. Les deux personnes sont domiciliées à La Chaux-de-Fonds.
C'est mardi vers 05h50 que le 144 avisait la police neuchâteloise du possible enlèvement d'une femme de 52 ans par son époux, qui avait laissé à son domicile un mot laissant entendre qu'il voulait mettre fin à ses jours. Les faits se sont déroulés près du domicile de l'un des fils du couple, blessé à une main par une arme blanche utilisée par son père.
Interdiction d'approcher
L'homme, âgé de 54 ans, avait pourtant reçu récemment l'interdiction d'approcher sa femme après une plainte vendredi dernier pour violences sexuelles et menaces de mort.
"Le mari est resté en garde à vue pendant une nuit, puis une interdiction de périmètre, à savoir de s'approcher de sa famille, lui a été signifiée par l'officier de police judiciaire. Il n'y avait jamais eu de mesures qui avaient été prises au sein de ce couple. On doit agir avec proportionnalité et c'est ce qui a été fait en l'occurrence", explique le procureur du Ministère public neuchâtelois Nicolas Aubert au 19h30.
Sitôt l'alerte donnée, une vaste opération de recherches a été immédiatement lancée par l'ensemble des patrouilles et des spécialistes de la police afin de localiser le couple. Les polices des cantons voisins, l'Office des douanes et de la sécurité aux frontières ainsi que la gendarmerie ont été sollicités pour participer aux recherches.
Le Ministère public neuchâtelois a obtenu dans des délais qualifiés de remarquablement brefs l'entraide des autorités judiciaires françaises pour localiser le téléphone de la mère de famille.
Drame de Courfaivre en tête
Ce drame n'est pas sans rappeler les circonstances du féminicide de Courfaivre (JU), en octobre 2019. Une jeune femme avait été tuée par son compagnon, quelques jours après avoir porté plainte pour viol.
Révoltée, la soeur de la victime attend des mesures plus radicales qu'une interdiction de périmètre. "Il faut qu'ils les mettent en prison directement, ou alors il faut mettre un bracelet d'éloignement, avec un boîtier que la femme a aussi. Comme ça, quand les deux arrivent en collision, elle a du temps pour se mettre à l'abri. On sait que ce n'est que ça qui marche", estime Géraldine Marquis, présidente de l'association Mel, dans le 19h30.
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"A un moment, il faut arrêter les études"
Un dispositif de surveillance active est à l'étude au niveau national et est soutenu par le Conseil fédéral. Mais pour la conseillère nationale Céline Amaudruz, il est plus que temps d'agir.
"A un moment donné, il faut arrêter les études, alors qu'on sait que les résultats sont positifs et concluants. Maintenant, on va attendre combien de meurtres ou d'agressions pour réagir?", s'interroge-t-elle.
L'an dernier en Suisse, 26 femmes ont été tuées par leur conjoint. Un record.
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jfe