Au Locle, dans un contexte de pénurie de médecins, les autorités sanitaires neuchâteloises sont en alerte depuis le début de la semaine au sujet de ce généraliste, au bénéfice d'un diplôme de médecine roumain, qui aurait fermé boutique sans prévenir. Des centaines de patients et patientes se retrouvent donc sans médecin.
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Certains d'entre eux ont signalé sa disparition au début de la semaine, constatant qu'il ne répondait plus et que son cabinet était fermé. Jeudi après-midi, le médecin cantonal Claude-François Robert a confirmé cette information à la RTS, ajoutant que le contact était recherché avec ce médecin et qu'une information à sa patientèle devrait pouvoir se faire rapidement.
Les autorités restent discrètes
Du côté des autorités, on reste discret sur les raisons qui pourraient expliquer son départ soudain. Ni le médecin cantonal, ni le président de la Société neuchâteloise de médecine n'ont voulu commenter la situation ou indiquer si quelque chose était reproché à ce médecin roumain.
Selon des informations obtenues auprès d'autres médecins, des problèmes de facturation auraient été signalés au sein de la Société neuchâteloise de médecine. Au Locle, on parle même de faillite et d'une procédure civile en cours. En revanche, a vérifié la RTS, aucune action pénale n'est à relever. Le principal intéressé, lui, n'a pas pu être joint.
La même histoire se répète
L'enquête de la RTS montre que ce même praticien aurait déjà posé problème en France. En quelques clics sur internet, on retrouve en effet en octobre 2014 un article dans un journal local, titrant que ce médecin "abandonne brutalement son cabinet".
Or, le même mois où celui-ci faisait scandale dans une petite ville de la Loire, il s’est installé au Locle sans que personne ne semble avoir pris la peine de vérifier sa réputation. Son CV, publié par la suite sur le site de la Société neuchâtelois de médecine, indique faussement qu'il a pratiqué en France sans discontinuer de 2009 à 2014 dans le Gers, alors qu'il a changé trois fois de lieu.
Courtisé malgré sa désertion
Le président de la Ville du Locle Cédric Dupraz, qui dit avoir été averti de la situation jeudi matin, précise de son côté que ce médecin n'a pas fait partie de ceux qui ont reçu une aide publique pour accepter de s’installer dans la région - un moyen déployé dans un Arc jurassien qui peine à trouver des médecins de famille pour en attirer davantage dans la région.
En 2014, il avait repris le cabinet d’un généraliste qui partait à la retraite et son arrivée avait été accueillie avec soulagement. Aujourd'hui, on déchante, mais il se dit qu'un arrangement serait bienvenu pour faire revenir le médecin "déserteur" auprès de sa patientèle, ce qui fâche dans la région. On cherche à tout prix à le maintenir en place, s'indignent ainsi certains médecins joints par la RTS.
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Ludovic Rocchi/vic