Julien Nicolas est aux petits soins avec ses champignons. Ils ont même droit à de la musique classique et à des massages. "On est là pour leur donner tout notre amour! Mais en soi, cette action est là pour stimuler le mycélium et induire la pousse", a-t-il expliqué vendredi au 19h30.
Quelques jours après seulement, ces champignons exotiques sont prêts à être cueillis par ce couple neuchâtelois. Depuis cet été, ils produisent à Cornaux (NE) des shiitake et des pleurotes. Et leur rendement d'une tonne par mois ne suffit déjà plus à répondre à la demande.
"On a déjà doublé notre production en huit à dix semaines. On va encore la tripler dans les semaines à venir. Il y a vraiment une forte demande pour des produits qui sont hors viande, pour proposer des menus qui soient végétariens à un public croissant", explique Valérie Oppliger, cofondatrice de l'entreprise "Un amour de Pleurote".
Dix kilos de shiitake cuisinés chaque semaine
Depuis cinq ans, la consommation de champignons explose en Suisse. Rien que pour les variétés exotiques, il en a davantage été produits entre janvier et octobre de l'an dernier que sur l'ensemble de l'année 2017.
La culture indigène séduit également de plus en plus, notamment des restaurants. A Neuchâtel, le restaurant de ramen Ichi cuisine par exemple 10 kg de shiitake chaque semaine. Tous proviennent de la région. "Je trouve que c'est très important d'utiliser des ingrédients locaux, d'autant plus si on a les mêmes prix, au lieu d'importer", témoigne le patron du restaurant Kevin Kouch.
A la recherche de la morille cultivable
La production de champignons intéresse aussi les chercheurs. A l'Université de Neuchâtel, on étudie les morilles suisses afin d'obtenir une variété indigène cultivable. "On trouve les morilles seulement dans des coins spécifiques, associés à des plantes spécifiques, à des conditions spécifiques... Le but appliqué serait de recréer ces conditions dans un environnement confiné pour être sûr qu'à la fin on va obtenir la fructification. Parce que la personne qui veut vivre de ça, elle veut du rendement", explique Saskia Bindschedler, chercheuse en mycologie à l'Université de Neuchâtel.
Avec de plus en plus de variétés cultivées toute l'année, la consommation de champignons devrait continuer à augmenter. Ces deux dernières années, elle battait déjà des records en frôlant les 12'000 tonnes.
Sujet TV: Thierry Grünig, Sergio Villarmarzo
Adaptation web: Vincent Cherpillod