Dans les rues de Neuchâtel, ce mercredi matin-là, Jordi Cuixart vit une toute nouvelle réalité. Dans le chef-lieu, il peut boire un café sans risquer d'être remarqué ou d'être dérangé. Cet ancien indépendantiste Catalan s'en amuse au 19h30. "C'est vrai qu'aujourd'hui, pour moi, c'est un peu plus calme par rapport à Barcelone."
Un changement de vie radical, pour l'un des plus célèbres leaders de la cause catalane en Espagne. Ancien président d'Omnium Cultural, association de promotion de la langue et de la culture catalanes jusqu'à l'an dernier, il s'engage pour l'indépendance de la Catalogne. En 2017, il mobilise donc des centaines de milliers de citoyens à voter en faveur de la déclaration d'indépendance, un référendum jugé illégal par la justice espagnole.
En 2018, tous les responsables du scrutin sont accusés par la justice espagnole de rébellion, de sédition et de désobéissance à l'autorité. Jordi Cuixart quant à lui est condamné par la Cour suprême à 9 ans de prison pour sédition. Mais finalement après 3 ans et huit mois passés en prison, il est gracié l'an dernier par le gouvernement espagnol.
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Neuchâtel une terre d'accueil
Aujourd'hui, l'homme de 47 ans vit à Neuchâtel avec sa famille pour entamer un nouveau chapitre de sa vie. Pour lui, c'est l'occasion de prendre de la distance, confie-t-il "Je peux m'occuper de mes enfants, c'est très important pour moi après toutes ces années en prison."
C’est aussi un projet commercial avec l’ouverture d’une succursale en Suisse pour son entreprise de machines d'emballage Aranow, fondée il y a près de 20 ans. Pour lui, Neuchâtel est aussi une terre d'accueil en raison de son profil industriel, précise-t-il. "En Suisse, il y a beaucoup de sièges de multinationales pour l'industrie pharmaceutique. Le canton de Neuchâtel est très intéressant pour nous."
D'autres indépendantistes ont trouvé refuge à Genève
Jordi Cuixart est libre, il n'a pas fui son pays pour des motifs politiques. Contrairement à deux autres figures indépendantistes installées à Genève ces dernières années. Anna Gabriel, ancienne députée d'extrême gauche, travaille au syndicat Unia et a finalement accepté de comparaître devant la Cour suprême pour désobéissance. Quant à l'avocate Marta Rovira, secrétaire générale de la plus importante formation politique de Catalogne, inquiétée par la justice, elle est toujours en exil.
Sans renier son passé et ses convictions, Jordi Cuixart estime avoir fait sa part pour l'indépendance de la Catalogne. Il laisse le soin à d'autres générations de poursuivre ce combat.
Sujet TV: Gabriel de Weck
Adaptation web: miro