En 2023, le canton de Neuchâtel enregistrera, après trois années de répit, un bond des primes de l’assurance obligatoire des soins (LAMal), a rappelé mercredi à Neuchâtel la conseillère d'Etat Florence Nater (PS), en charge de l'emploi et de la cohésion sociale. La hausse subie par les assurés neuchâtelois est même la plus forte de Suisse.
En moyenne, en incluant les franchises à option et les modèles particuliers d’assurance, les primes augmenteront pour les adultes (dès 26 ans) de 9,04%, pour les jeunes adultes (19-25 ans) de 7,64% et pour les enfants (0-18 ans) de 7,64%.
"La santé n'est pas un marché comme un autre"
Dans l'émission Forum, Florence Nater défend que "globalement, l'ensemble du système devra être requestionné à l'avenir. La santé n'est pas un marché comme un autre". Mais pour le moment, le canton de Neuchâtel essaie "de cibler au mieux les personnes qui sont impactées par ces hausses de prime en tenant compte des finances publiques".
Pour ce faire, le Conseil d'Etat a établi une stratégie différente de celles d'autres cantons, "qui ont un taux de bénéficiaires plus importants, mais avec une politique de type "arrosoir", en versant à plus de personnes, mais des subsides moindres".
A Neuchâtel, l'objectif a surtout été d'être efficace "auprès des personnes à très faibles revenus, avec une réforme en 2019 qui a permis d'éliminer les effets de seuil", car "en termes de politiques sociales, les effets de seuil, c'est le pire ennemi", défend la conseillère d'Etat.
39'000 bénéficiaires pour 142 millions
Au total, près de 39’000 bénéficiaires pourraient recevoir un subside pour alléger les primes. L'aide permettra d’augmenter le taux de personnes subsidiées de 18 à 22%.
Le montant alloué à la réduction individuelle des primes dans le canton devrait ainsi s’élever l’an prochain à 142 millions de francs. Le financement est assuré par la Confédération pour 61 millions de francs. Le montant restant de 81 millions est financé à 60% par le canton et 40% par les communes.
Les subsides seront accrus dans la même proportion que la hausse des primes par catégorie d’âge. Ainsi, le subside mensuel maximal augmente de 487 francs à 531 francs (+9,03%) pour les adultes, de 366 francs à 394 francs (+7,65%) pour les jeunes adultes et de 108 à 116 francs (+7,41%) pour les enfants.
Questionnée sur la capacité des finances neuchâteloises à relever le défi, la conseillère d'Etat admet que "c'est un poids financier important pour le canton et les communes". Cependant, elle défend l'importance d'avoir une "vision globale de la situation et de l'impact de ces très fortes hausses pour les ménages et les personnes concernées".
En outre, Florence Nater rappelle que "si les personnes sont tellement étranglées par le coût des primes, et qu'elles n'arrivent pas à les payer, et que ça finit en contentieux avec l'assurance-maladie, c'est aussi le canton qui paie l'addition".
Pas intégralement
La hausse annoncée ne couvre toutefois pas l’intégralité de la hausse. Malgré les mesures prises, le coût qui reste à charge des assurés s’accroîtra l'an prochain pour tous ceux pour qui le subside ne couvre pas l’intégralité de la prime.
Le canton de Neuchâtel explique la forte augmentation des primes par deux raisons: une structure de population comprenant notamment une part âgée plus importante que la moyenne suisse ainsi qu'un rattrapage dû à des recettes de primes insuffisantes ne reflétant pas l’évolution des coûts des prestations payées par les assureurs ces trois dernières années.
furr avec ats