Publié

Un sondage de l'Uni de Neuchâtel alerte sur la condition des doctorants

Il s'avère nécessaire d'encadrer les doctorants pour mieux les protéger. [Keystone - Jean-Christophe Bott]
Les doctorants des universités suisses évoluent-ils dans des conditions trop précaires? / La Matinale / 1 min. / le 18 novembre 2022
Une enquête de l'Université de Neuchâtel révèle que la moitié des doctorants et doctorantes estiment leur charge de travail "démesurée". Et cette situation n'est de loin pas un cas isolé en Suisse.

Selon l'enquête que l'Université de Neuchâtel vient de publier, 49% des personnes sondées se sont vu imposer une charge de travail jugée "démesurée".

Plus du tiers des doctorants interrogés affirment par ailleurs avoir dû effectuer des heures supplémentaires non rémunérées le soir ou le week-end. Et le temps à disposition des assistants pour écrire leur thèse varie fortement d'une personne à l'autre, alors que les statuts le fixent à au moins 50%.

En début d'année, l'Université de Genève avait déjà rendu ses conclusions concernant les collaborateurs et collaboratrices du corps intermédiaire. Il ressortait de ce sondage des inégalités de traitement, un encadrement déficient ou une instabilité financière.

Protéger temps de repos et temps pour la thèse

Pour Florent Blanc, membre de l'Association du corps intermédiaire de l'Université de Neuchâtel, ces dérives sont connues depuis longtemps et cette enquête est l'occasion de réfléchir à des solutions.

"La première, c'est la fin du recours à mon sens abusif au contrat à durée déterminée", souligne-t-il vendredi dans La Matinale de la RTS. "La nécessité d'avoir des postes stables permet de répartir la charge de travail et de se projeter un peu dans l'avenir", souligne-t-il. "D'autre part, il faudrait vraiment, structurellement, institutionnellement, protéger à la fois le temps de repos et le temps dédié à la thèse".

Trop grande dépendance avec le professeur

Il s'agit donc d'encadrer pour mieux protéger les doctorants, qui aujourd'hui dépendent beaucoup de la relation avec leur professeur-référent. Dans son rapport, l'Université de Neuchâtel propose d'ailleurs des pistes d'amélioration, notamment des entretiens annuels systématiques (lire encadré).

Au niveau politique, cette question de la précarité dans les hautes écoles est aussi sur la table. Le Conseil national a adopté en juin dernier un postulat qui demande au Conseil fédéral d'établir un rapport détaillé.

Romain Bardet/oang

Publié

Quatre emplois sur cinq sont précaires

La question de la précarité du corps intermédiaire dans les universités a poussé le Syndicat des services publics (SSP) à lancer une campagne fin octobre.

Et pour Antoine Chollet, responsable du groupe "Hautes écoles" pour le syndicat dans le canton de Vaud, les résultats neuchâtelois ne sont pas une surprise. "On les avait déjà eus dans d'autres universités il y a plusieurs années", rappelle-t-il.

"C'est un problème qui ne concerne d'ailleurs pas que les doctorants et les doctorantes mais la plupart des personnes qui travaillent à l'université", précise Antoine Chollet. Et "en particulier les postes précaires, qui ne sont pas soumis à des contrats renouvelables ou des contrats fixes. Cela concerne à peu près 80% de l'ensemble des salariés dans les universités suisses, un chiffre beaucoup plus élevé que dans les autres pays européens".

>> L'interview d'Antoine Chollet dans La Matinale :

Antoine Chollet, enseignant et chercheur en sciences politiques à l'Université de Lausanne. [RTS - Antoine Chollet, responsable du groupe "Hautes écoles" pour le SSP Vaud.]RTS - Antoine Chollet, responsable du groupe "Hautes écoles" pour le SSP Vaud.
Surcharge de travail des doctorants: interview d'Antoine Chollet / La Matinale / 1 min. / le 18 novembre 2022

De nouvelles pratiques mises en place

Faîtière des hautes écoles, Swissuniversities affirme être consciente de la problématique. Sa vice-présidente, Astrid Epiney, plaide notamment pour une amélioration du rapport entre le doctorant et son professeur-référent.

"La dépendance du doctorant et de son prof, c'est une problématique évidente, structurelle", souligne-t-elle. "Les universités ont pris des mesures, des bonnes pratiques qui prévoient entre autres que deux personnes s'occupent de la thèse [du doctorant], relève celle qui est aussi rectrice de l'Université de Fribourg.

Cette mesure est précisément en train d'être mise en place à Fribourg alors qu'elle est déjà en vigueur dans d'autres universités et les EFP, précise Astrid Epiney.

>> L'interview d'Astrid Epiney dans La Matinale :

Astrid Epiney, vice-présidente de Swissuniversities. [Keystone - Peter Klaunzer]Keystone - Peter Klaunzer
Surcharge de travail des doctorants: interview de la rectrice de l'Université de Fribourg Astrid Epiney / La Matinale / 1 min. / le 18 novembre 2022