Selon l'enquête que l'Université de Neuchâtel vient de publier, 49% des personnes sondées se sont vu imposer une charge de travail jugée "démesurée".
Plus du tiers des doctorants interrogés affirment par ailleurs avoir dû effectuer des heures supplémentaires non rémunérées le soir ou le week-end. Et le temps à disposition des assistants pour écrire leur thèse varie fortement d'une personne à l'autre, alors que les statuts le fixent à au moins 50%.
En début d'année, l'Université de Genève avait déjà rendu ses conclusions concernant les collaborateurs et collaboratrices du corps intermédiaire. Il ressortait de ce sondage des inégalités de traitement, un encadrement déficient ou une instabilité financière.
Protéger temps de repos et temps pour la thèse
Pour Florent Blanc, membre de l'Association du corps intermédiaire de l'Université de Neuchâtel, ces dérives sont connues depuis longtemps et cette enquête est l'occasion de réfléchir à des solutions.
"La première, c'est la fin du recours à mon sens abusif au contrat à durée déterminée", souligne-t-il vendredi dans La Matinale de la RTS. "La nécessité d'avoir des postes stables permet de répartir la charge de travail et de se projeter un peu dans l'avenir", souligne-t-il. "D'autre part, il faudrait vraiment, structurellement, institutionnellement, protéger à la fois le temps de repos et le temps dédié à la thèse".
Trop grande dépendance avec le professeur
Il s'agit donc d'encadrer pour mieux protéger les doctorants, qui aujourd'hui dépendent beaucoup de la relation avec leur professeur-référent. Dans son rapport, l'Université de Neuchâtel propose d'ailleurs des pistes d'amélioration, notamment des entretiens annuels systématiques (lire encadré).
Au niveau politique, cette question de la précarité dans les hautes écoles est aussi sur la table. Le Conseil national a adopté en juin dernier un postulat qui demande au Conseil fédéral d'établir un rapport détaillé.
Romain Bardet/oang
Quatre emplois sur cinq sont précaires
La question de la précarité du corps intermédiaire dans les universités a poussé le Syndicat des services publics (SSP) à lancer une campagne fin octobre.
Et pour Antoine Chollet, responsable du groupe "Hautes écoles" pour le syndicat dans le canton de Vaud, les résultats neuchâtelois ne sont pas une surprise. "On les avait déjà eus dans d'autres universités il y a plusieurs années", rappelle-t-il.
"C'est un problème qui ne concerne d'ailleurs pas que les doctorants et les doctorantes mais la plupart des personnes qui travaillent à l'université", précise Antoine Chollet. Et "en particulier les postes précaires, qui ne sont pas soumis à des contrats renouvelables ou des contrats fixes. Cela concerne à peu près 80% de l'ensemble des salariés dans les universités suisses, un chiffre beaucoup plus élevé que dans les autres pays européens".
De nouvelles pratiques mises en place
Faîtière des hautes écoles, Swissuniversities affirme être consciente de la problématique. Sa vice-présidente, Astrid Epiney, plaide notamment pour une amélioration du rapport entre le doctorant et son professeur-référent.
"La dépendance du doctorant et de son prof, c'est une problématique évidente, structurelle", souligne-t-elle. "Les universités ont pris des mesures, des bonnes pratiques qui prévoient entre autres que deux personnes s'occupent de la thèse [du doctorant], relève celle qui est aussi rectrice de l'Université de Fribourg.
Cette mesure est précisément en train d'être mise en place à Fribourg alors qu'elle est déjà en vigueur dans d'autres universités et les EFP, précise Astrid Epiney.