Le projet de construction d'une décharge crée des tensions dans la commune du Cerneux-Péquignot
L'entreprise OV Matériaux SA, fruit d'un partenariat entre l'entreprise vaudoise Orlatti et la neuchâteloise Vonarx, prévoit de construire sur des parcelles privées une décharge pour des matériaux de type B, c'est-à-dire des déchets de chantiers comme du béton, de la laine de verre, du mortier ou du plâtre. Une carrière de roche calcaire en lisière de forêt est également prévue. L'exploitation durerait 20 ans, avec - à chaque étape - une remise en état des sols. Au total, le projet s’étendrait sur 13 hectares.
Le problème: les autorités communales, qui ont pris connaissance du projet en février 2021, n'en ont alors pas informé la population et ont transmis le dossier au canton. Dans sa réponse, ce dernier exprime plusieurs réserves et critiques.
Des bruits commencent alors à circuler dans ce petit village et une partie des quelque 300 habitants se sent trahie. Pour Pascal Gauthier, un habitant interrogé dans La Matinale, "ce projet est d'une telle ampleur qu'il se justifiait d'en informer la population. La commune sur ce dossier a failli à ses obligations d'information et de transparence."
Alors qu'une deuxième rencontre a lieu cet été entre l'entreprise et les autorités du Cerneux-Péquignot, la présidente de commune tente de calmer le jeu et faire taire les rumeurs. Dans une lettre, elle précise qu'aucune autorisation n'a été octroyée, et qu'il n'était jusqu'à présent pas possible de donner des informations concrètes, car l'entreprise n'avait pas assez d'éléments à présenter. Une séance d'information publique est alors organisée en septembre dernier, en présence d'un représentant du canton et de l'entreprise concernée.
Impact sur le paysage et pollution
Les opposants craignent l'impact sur le paysage et une pollution de l'eau, un puits de captage se trouvant à moins de 2 kilomètres. Et surtout, la quiétude du village serait menacée durant des décennies: "400'000 m3 de déchets de types B, c'est 40'000 camions qu'il faut acheminer. Pour la carrière, on parle d'un volume de 500'000 m3, soit 50'000 camions. Il n'y a jamais eu de débat de principe sur la question de savoir si on était pour ou contre . Nous espérons unir autorité et population dans la même vision, c'est-à-dire nous opposer fermement à ce projet", a encore relevé Pascal Gauthier.
L'exécutif communal, de son côté, estime que ce n'est pas son rôle de prendre position avant que le dossier entame officiellement son processus administratif. La présidente du Cerneux-Péquignot, Anne-Laurence Quadranti, qui n'a pas souhaité donner d'interview enregistrée à la RTS, a expliqué que "nous ne nous sommes jamais engagés sur quoi que ce soit", assurant n'avoir "rien caché à la population". Elle concède tout de même être peu enthousiasmée par ce projet. Le point est à l'ordre du jour de la séance du législatif de la semaine prochaine.
Ce projet se réalisera-t-il?
Pour l'instant, il n'y a aucune certitude que ce projet se réalise. L'administration cantonale ne traitera pas formellement ce dossier avant que le canton n'ait achevé son plan directeur sectoriel de gestion des matériaux. Ce plan doit définir des critères et des zones d'exclusion. L'entreprise Orlatti, que la RTS a contactée, souhaite que son projet "soit considéré comme prioritaire", parce qu'il "répond à un besoin pour le haut du canton".
Le conseiller d'Etat Laurent Favre, en charge de l'aménagement du territoire, fait preuve de retenue pour l'instant. Mais il indique que, concernant la carrière, le canton souhaite privilégier l'extension de celle qui existe du côté de La Sagne. Mais là aussi, des habitants s'y opposent. Un référendum a été lancé.
Romain Bardet/lan