Les faits se sont produits entre 2017 et 2020, selon les cas. L'accusé avait une forte emprise sur les jeunes. Le quadragénaire leur offrait de nombreux cadeaux, les invitait à venir à son étude après les matches, leur proposait une place de stage ou de faire de petits boulots rémunérés et les aidait lors de difficultés scolaires.
Le notable avait notamment offert des vêtements et des chaussures de marque à un adolescent de 15 ans, qu'il emmenait voir des matches de foot à l'étranger, durant lesquels il dormait dans le même lit que lui. Il contrôlait son travail et le punissait en l'obligeant à se mettre tout nu.
L'accusé le contraignait aussi à se doucher et le savonnait sur tout le corps. Il le séchait lui-même, y compris les parties intimes, et lui mettait de la crème. Il lui proposait de dormir régulièrement à l'étude. Selon l'acte d'accusation, il a réduit l'adolescent à "un rôle d'animal en peluche ou de poupée", mettant gravement en danger son développement psychique.
Punitions et contrôle d'urine
L'accusé avait aussi masturbé un adolescent de 13 ans pendant qu'il dormait. Il avait profité de son statut de mandataire, puis d'entraîneur, puis de maître de stage, puis de maître d'apprentissage pour lui proposer de dormir à l'étude. Il avait effectué entre 20 et 30 voyages en Suisse et à l'étranger avec lui.
Selon l'acte d'accusation, le prévenu punissait ses victimes si elles ne faisaient pas ce qu'il voulait. Un adolescent a reçu entre cinq et 25 claques ou fessées et a été obligé à travailler ou à dormir nu. Pour s'assurer que ses victimes ne se droguaient pas, l'accusé leur faisait régulièrement passer des contrôles d'urine.
Le prévenu aurait aussi tenté d'induire la justice en erreur, en ayant fait en sorte qu'une victime s'accuse faussement d'avoir commis du chantage à son encontre.
Déjà devant la justice
Le notable avait déjà défrayé la chronique entre 2012 et 2015 et a été entendu par la justice dans une précédente affaire du même ordre. Le Tribunal cantonal avait finalement libéré en 2017 les charges retenues contre l'ex-entraîneur, condamné à huit mois de prison avec sursis en première instance, estimant que le doute devait profiter à l'accusé.
Le prévenu avait des responsabilités au sein de l’Association neuchâteloise de football. L'accusé a été aussi une cheville ouvrière de la reconstruction du FC La Chaux-de-Fonds. Pour convaincre le club de lui confier des juniors, l'accusé n'avait pas occulté le jugement de 2017 mais avait précisé qu'il avait été relaxé.
Les parents des enfants abusés avaient expliqué en décembre 2020 à Arcinfo que le principe de précaution n'avait pas été respecté. Le club n'aurait pas dû autoriser l'accusé à entraîner des juniors, alors qu'il avait eu des démêlés avec la justice pour des affaires de moeurs.
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ats/miro